Dassier suite
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En 2014, l’OM sera doté d’un nouveau stade couvert et ultra-moderne. C’est une des perspectives très intéressantes pour l’avenir de l’OM…
C’est une énorme nouvelle, en attendant, à partir de la fin de la saison, et pendant les trois ans qui vont suivre, nous allons vivre une période un peu difficile, avec des travaux, une baisse de capacité, un loyer à renégocier avec monsieur le Maire, Jean-Claude Gaudin, une perte de recettes lourdes… Ce n’est pas agréable en plus de jouer dans les travaux, j’imagine. La société Bouygues sait travailler, donc je suis confiant sur la capacité de continuer de pouvoir accueillir, évidemment en toute sécurité, mais aussi dans un bon confort, les 45.000 spectateurs qui pourront malgré les travaux venir au stade. Mais il faut que l’on se le dise, les trois années qui viennent vont être à cet égard, un peu pénible. Mais il faut savoir souffrir pour être beau. On aura ensuite un stade, enfin magnifique, couvert, et capable d’accueillir mieux encore le public quel qu’il soit mais aussi, et c’est important les chefs d’entreprises, les gens qui peuvent aider Marseille à continuer de progresser.
L’OM est de nouveau représenté à la Ligue…
Nous sommes revenus dans les instances. Je crois que l’on entretient de très bonnes relations et ce n’est pas toujours facile à Marseille avec les autorités que ce soit de la Ligue ou de la Fédération. Même si parfois il y a des moments difficiles, on en a encore vécu un, mais au fond ce n’était pas tellement la Ligue qui était en cause, c’est plus les autorités de police, qui nous ont privés d’aller disputer sur un pied d’égalité notre match à Paris. Je suis convaincu que c’est la dernière fois et que ces « clasico » nous sont interdis.
Comment jugez-vous la situation économique du football français ?
Economiquement, le football français est dans une situation qui est, je dirais «inquiétante» puisque quand même globalement, l’ensemble du secteur professionnel a du perdre 160 ou 170 millions d’euros. Cela prouve que le football français se tasse et qu’il est à la baisse. Donc c’est préoccupant puisqu’en face il faut mettre des recettes ou sinon il va y avoir des blessés ou des morts. Donc il faut faire très attention à nos finances tous autant que nous sommes. Il y a la renégociation au printemps avec les diffuseurs et évidemment Canal + le premier d’entre eux. Il y a la renégociation des droits télés. C’est la recette principale du football. Si cette négociation réussie tout va bien. Si elle devait amener moins d’argent au football français, ce sera compliqué. Ne soyons pas alarmistes, nous sommes en fin d’année et nous n’allons pas jouer les oiseaux de mauvais augures. Néanmoins c’est un sujet préoccupant.
Et puis d’une manière plus générale, on y est au cœur également ; il y a cette réforme de la gouvernance du football, qui est née de ce qui s’est passé en Afrique du sud, et de cet effondrement moral de l’équipe de France. Cela aura eu au moins un aspect, je dirais positif, c’est que la fédération et la Ligue se sont rendus compte que cela ne pouvait pas continuer comme cela.
On est à mi-chemin, sans doute d’une réforme importante de la gouvernance du football. Où le football professionnel aura une place plus importante, le football a accepté de se pousser un peu pour travailler plus en commun, et répartir mieux les compétences des uns et des autres, entre le football amateur et le football professionnel. On aura un nouveau président au mois de juin, élu de manière différente avec une équipe, un projet, tout cela est assez encourageant.
Ces réformes permettront-elles aux clubs français de mieux rivaliser avec les grands d’Europe ?
« Le diable se niche dans les détails » comme on dit, il faut encore écrire les textes de cette réforme globale, de cette architecture qui a été votée à 83%. Néanmoins le football français s’est repris semble t-il. Il a des perspectives économiques qui sont ce qu’elles sont, pas faciles, en effet, la crise est là, comme pour tout le monde. Néanmoins le football français a su rebondir après ce quasi-drame d’Afrique du sud, et donc notons-le comme quelque chose dans le bon sens. Il y a le football français au milieu du football européen. On joue tous au même jeu, pas tout à fait avec les mêmes règles. Quand on voit les déficits abyssaux qui sont autorisés par les Anglais, par les Espagnols et à une degré moindre par les Italiens. Des hommes fortunés garantissent les emprunts ou des comptes particuliers plus ou moins difficiles à comprendre, mais qui font que, encore une fois, vous avez des déséquilibres au niveau des recrutements donc des niveaux du football, qui sont considérables. Alors Platini est attelé à cela, et avec la réforme dite du fair-play financier qui va intervenir dans quelques temps, on devrait gommer une partie de ses déséquilibres. Mais en même temps quand il y a beaucoup d’argent, ici ou là, que ce soit, des Russes, des émirs, ou des gouvernements, vous créez aussi un marché, qui fait que vous pouvez aussi vendre vos joueurs avec de grosses et confortables plus-values. Il faut faire attention, un football qui serait trop raboté, ou qui découragerait des investisseurs ne serait pas forcément gagnant à l’arrivée.
Le tirage au sort des 8èmes de la Ligue des Champions c’était à qui ne prendrai pas Barcelone pas seulement parce qu’ils sont riches mais aussi parce qu’ils sont extraordinairement talentueux notamment par leur centre de formation. Madrid c’est pareil. Madrid a eu un recrutement qui est impressionnant depuis deux ans. Chelsea même s’ils sont un peu moins bien sont impressionnants et ils n’ont pas encore dit leur dernier mot.
Alors évidemment vous avez potentiellement des différences assez considérables. Mais bon néanmoins vous avez aussi le spectacle en Ligue des Champions qui fait que vous avez des affiches très spectaculaires avec des joueurs venus d’ailleurs. Pour conclure, c’est un peu lié au sujet soulevé tout à l’heure, sur l’Afrique du sud, c’est un peu la baisse de l’image du football et pas qu’au niveau français, mais cela vient des gros salaires avec des gens qui viennent d’une autre planète. En même temps le monde d’aujourd’hui se nourrit et a besoin de stars. Regardez le succès de la presse people, le monde d’aujourd’hui aime avoir ses idoles, et les admirer ou les pourchasser lorsque cela se dégrade et que cela ne va plus. Il faut aussi faire attention, que le monde du football, ne se détache pas de son public et continue de montrer que même si la situation économique, qui est faite aux stars exceptionnelles est parfois extravagante, ces footballeurs de talents continuent d’évoluer avec nous dans notre monde et qu’ils n’oublient pas mais il y a eu des progrès.
Si l’on revient à la France, le travail de Laurent Blanc a la tête de l’équipe de France c’est quand même du bon boulot et pas seulement sur le plan sportif. Tout cela, pour ne pas être pessimiste en cette fin d’année fait que cela se remet en place globalement.
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Personnellement, comment se passe votre vie de Président à la tête de l’OM depuis un an et demi ?
Ecoutez, en ce qui me concerne, je crois que je continue d’apprendre parce que l’on est dans un métier où seule l’expérience vous apporte vraiment quelque chose. Ce n’est pas dans les livres que vous apprenez la réglementation ou la pratique c’est au contact des réalités. Donc le football est un monde compliqué. Marseille est une ville qui réagit ou sur-réagit toujours, que ce soit dans la joie ou dans la peine donc c’est à la fois compliqué mais honnêtement passionnant. Nous avons tellement été gâtés l’année dernière comme le disait Didier Deschamps, on savait que l’on allait connaître, derrière, une période difficile.
Les titres cela apporte des problèmes, des surenchères sur des joueurs, des exigences de ces mêmes joueurs, des difficultés des uns et des autres sollicités par tel ou tel club donc c’est toujours plus difficiles quand vous revenez dans la lumière de manière forte.
José Anigo, Didier Deschamps... Que n’a-t-on pas dit, que José Anigo et Didier Deschamps ne s’entendaient pas, qu’ils avaient des points du vue divergents… Je ne vous dis pas qu’ils sont d’accord sur tout, moi le premier, j’ai des divergences avec un tel ou un tel, c’est la vie, c’est normal ! .C’est de la confrontation, de la discussion et du débat que naissent parfois et même souvent les bonnes décisions. Entre Didier Deschamps et José Anigo, ça se passe bien, et la direction de ce club au plan sportif est tranquille et sereine. Il y a eu de temps en temps des difficultés, ici ou là, mais cela se passe dans tous les clubs, vous avez toujours des débats, des discussions, entre un directeur sportif, qui c’est vrai joue sur le moyen et le long terme et puis parfois des entraîneurs qui sont installés davantage dans l’immédiateté dans le résultat à court terme et ce n’est pas toujours les mêmes choix que vous êtes obligés de faire. Cela se passe à Lyon, et partout, alors arrêtons, de fantasmer sur tel ou tel qui ne s’entend pas avec tel ou tel. Globalement les choses se passent bien et vont continuer de bien se passer.
Margarita Louis-Dreyfus est venu plusieurs fois encourager l’équipe…
L’actionnaire, Margarita était avec nous à Paris, à Moscou, Lyon et les enfants l’accompagnent et prennent le lendemain des avions le lendemain à 6 heures pour être à l’école à 8 heures ; donc la famille de Robert Louis-Dreyfus, ses amis étaient là contre Lyon, continue d’aimer et de soutenir ce club. C’est notre meilleure garantie. Nous avons la chance d’avoir encore une fois, avec Vincent Labrune, qui préside le conseil de surveillance, de vrais soutiens, de vrais amis, et qui n’hésitent pas à mettre la main à la poche, quand c’est utile. Ce ne sont pas des dons, que les choses soient claires. Nous pouvons avoir besoin d’une aide financière provisoire, momentanée, Margarita a toujours dit oui et Vincent Labrune a toujours dit oui. On s’arrange, on rembourse, et c’est comme cela que doit fonctionner un actionnaire et la direction d’un club. Les choses se passent bien.
Comment se passent les relations avec les institutions locales ?
Avec la municipalité, je pense que l’on a d’aussi bonnes relations qu’il est permis d’en avoir, avec le Maire Jean-Claude Gaudin, avec le président du Conseil Général, Jean-Noël Guerini, avec Michel Vauzelle du Conseil Régional que je connais moins, ou Eugène Caselli, le président de la Communauté Urbaine, il y a entre nous de bonnes relations. L’OM est au cœur de cette ville et tout le monde est content, personne ne se force. Nous avons une qualité de relation qui peut nous rendre optimiste, quand à la suite que connaîtra dans ce nouveau stade, l’Olympique de Marseille.
Comment voyez-vous la fin de cette saison toujours sur un plan personnel ?
Quant à moi il me reste à terminer cette saison et a faire la prochaine et puis après on verra. Tout ce que je peux dire c’est que j’ai tellement été gâté la première année que ce sera moins spectaculaire cette année, mais cela n’est prouvé par rien, on peut parfaitement encore être récompensés cette année, je l’espère.
Mais j’aimerais bien que durablement l’OM se réinstalle comme nos amis Lyonnais dans la Ligue des Champions avec un groupe qui, année après année, continue de progresser. Avec des finances saines, avec des relations avec les supporters apaisées, sereines, efficaces. Ce sont des ambitions simples mais que nous n’avons pas toujours connues a Marseille, et qu’il faut pérenniser. Mon ambition c’est terminer mon contrat en laissant l’OM en bien meilleure santé que je ne l’ai trouvé.
Le Club n’était tout de même pas en friche quand vous avez été nommé Président ?
Je ne suis pas en train de dire qu’on l’a trouvé malade, pas du tout, encore une fois je le dis et le répète, on est dans la continuité et c’est très bien comme ça, néanmoins, on est tous en charge de faire progresser ce groupe, ce club dans tous ses aspects et dans toutes ses composantes, année après année. Ce n’est pas toujours facile.
Mais regardez, beaucoup de grands clubs européens sont toujours au sommet, le Bayern en Allemagne, ils sont toujours là, ils sont quatrièmes ou cinquièmes, dans cette première partie de championnat, mais ils sont toujours là. En Espagne, c’est plus simple ils sont deux toujours là, en Italie c’est un peu comme chez nous, des démarrages un peu difficile de l’inter, du Milan, de la Juve, c’est toujours les mêmes, ils sont toujours là. En Angleterre, c’est peut-être un peu plus récent mais ils sont toujours là, Manchester toujours, Arsenal encore, bravo Wenger, Chelsea évidemment.
Au fond, c’est ça le vrai objectif, c’est de faire que Marseille, année après année, soit toujours parmi les 15 grands clubs européens, si on réussit à faire cela on aura fait du bon boulot. Alors je vous souhaite à tous de bonnes fêtes, je vous donne de bonnes nouvelles de nos « éclopés », j’ai eu Azpi au téléphone, tout va bien. Hilton, on va le revoir bientôt lui aussi a été opéré tout va bien. Votre Olympique de Marseille préféré se porte bien, j’espère que l’on sera encore plus performant au nombre de buts marqués pour la deuxième partie de championnat.
Bonnes fêtes à tous et rendez vous en janvier pour une deuxième partie de championnat meilleure que la première. Bonnes fêtes à tous, je vous embrasse.