Ce match illustre bien ce qui est dit depuis le départ de Zambo :

Le fantasme du milieu technique

"Si le coach nous aligne tous les trois, oui je pense qu'on est prêts. Contrairement à ce que beaucoup ont dit, on n'a pas des profils similaires, on peut bien se compléter. A cela s'ajoute une qualité qu'on a de footballeur dans les petits espaces, ça peut permettre de bien combiner. Si on gagne la bataille du milieu ce week-end, je pense qu'on a de grandes chances de gagner le match." Valentin Rongier l'avait bien vu avant le match, mais pas dans le bon sens. Car si l'OM a failli à Amiens, c'est en grande partie à cause de la bataille du milieu rapidement perdue par le trio Rongier/Lopez/Sanson. On attendait de voir à l'oeuvre ce milieu plus technique que physique, on a été déçu. Face au pressing et à l'impact mis par les Amiénois, ils n'ont pas su exprimer leur "qualité de footballeur dans les petits espaces" comme le disait Rongier. La faute à l'entraineur d'Amiens Luka Elsner qui avait tout préparé : "Ils ont une équipe qui, lorsqu'on la laisse s'installer et toucher beaucoup de ballons avec Rongier et Lopez, te fait courir énormément. Si tu n'es pas agressif et proche au pressing, tu vas beaucoup souffrir. On avait à coeur de ne pas leur laisser de zone d'expression. C'était une des clés, limiter leur qualité d'expression." C'est ce qui a été fait d'entrée, les Amiénois étouffant le trio marseillais.

Après l'ouverture du score amiénoise, il faut quand même noter que l'OM a repris le contrôle des opérations et Amiens peut remercier M. Hamel qui leur a permis de reprendre l'avantage contre le cours du jeu. "Après qu'on ait marqué le premier but, ils ont repris le contrôle pendant 15 minutes, reconnait Elsner. On a vu tout de suite que dès qu'ils pouvaient s'installer, être plus proches et avoir un peu de temps pour réfléchir, ça devenait compliqué. Mais après, on a su remettre un peu d'intensité et les faire jouer plus loin de notre but et là, leurs qualités ont plus de mal à s'exprimer. Mais c'est toujours sur le fil du rasoir avec la qualité des joueurs en face." Seul Rongier a finalement sorti son épingle du jeu, Maxime Lopez se montrant lui encore une fois décevant dans un match à l'extérieur où il faut aller au combat et Morgan Sanson ayant toutes les peines du monde à rayonner à un poste de meneur de jeu qui n'est définitivement pas pour lui. Comment faire alors ?
Dès le début du mois de juillet, André Villas-Boas a planché sur un 4-3-3 avec une sentinelle et deux relayeurs. Si le départ de Luiz Gustavo l'a fait réfléchir à un plan B, le technicien portugais a maintenu son système préférentiel en faisant de Kevin Strootman son homme de base. Et les chiffres lui ont donné raison. Depuis le début de saison, l'ancien joueur de la Roma a joué 6 fois à ce poste devant la défense pour un joli bilan : 3 victoires, 3 nuls, aucune défaite. Outre ces chiffres, avec lui l'OM a paru plus stable dans le jeu, avec une assise défensive réelle contrairement à ce que l'on a vu à Amiens. La seule exception aura été à Dijon, où le Néerlandais a pris l'eau.

Si ses défauts sont criants (vitesse, endurance, jeu aérien), sa présence permet aussi aux deux relayeurs Lopez, Sanson ou Rongier de jouer plus libérés et plus à même de gratter des ballons au pressing. Dans l'effectif actuel, Strootman semble être le seul capable de jouer à ce poste et le milieu à deux récupérateurs n'a pas fonctionné pour cette tentative à Amiens. Ni Lopez (même si AVB l'avait envisagé quelques instants à son arrivée), ni Sanson (qui ne l'a jamais fait et ne semble pas avoir les qualités pour le faire), ni Rongier (qui se dit moins bon à ce poste que plus haut) ne semblent avoir la capacité de piquer la place de l'international néerlandais. Ce qui rend Strootman indispensable à date. Pour le match OM-Strasbourg après la trêve, Sanson sera suspendu et Strootman de retour. On aura l'occasion de voir à l'oeuvre un milieu Lopez/Strootman/Rongier. Peut-être un début de solution, notamment pour les matchs à domicile.