Jordan Ayew deviendra grand Imprimer Recommander
Publié le mardi 29 novembre 2011 à 19H00
Après une fin de saison remarquée, le fils d'Abedi Pelé progresse de façon constante cette année.
Sous contrat avec l'OM jusqu'en 2015, Jordan Ayew a inscrit deux buts et trois passes décisives en 21 rencontres, toutes compétitions confondues, cette saison.
Photo Guillaume Ruoppolo
On le dit introverti et timide, dans sa bulle. Il l’est assurément dans la vie, même s’il commence à se dérider, à lâcher davantage de sourires. Sur le terrain, par contre, Jordan Ayew a toujours fait preuve d’un engagement sans faille (parfois excessif) doublé d’un génie créatif à faire pâlir tous les tripoteurs de ballon. Son accrochage musclé avec Sakho, dimanche soir, puis son raid solitaire, illustrent les compétences qu’il a su développer au fil des années.
Observateur avisé du monde du football et fin connaisseur du contexte marseillais en particulier, Pape Diouf maîtrise son Petit Jordan illustré sur le bout des doigts. Et pour cause : "Je le connais depuis qu'il est né car je travaillais avec son père, rappelle l’ancien président de l’OM. En me confiant André, Maha, sa maman, m’avait demandé de le garder. Certains clubs européens tournaient déjà autour d’eux, mais leur mère avait refusé. Tous les deux sont donc venus à l’essai et cela a été concluant, mais on avait convenu de laisser Jordan au Ghana pendant une année. Quand il est revenu, à 15 ans, il a intégré le centre de formation à Marseille. J'étais son tuteur légal à l’époque, rappelle-t-il, je suivais donc son développement dans le domaine du football, mais aussi son évolution personnelle. Le tout avec la complicité de Robert Nazaretian, le responsable de l’association OM."
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"Je pensais à l’époque que Jordan avait plus de potentiel qu’André, poursuit Diouf. Je persiste à le penser. Ce n’est pas qu’il a plus de qualités que "Dédé", mais il s’est affranchi beaucoup plus vite que son grand frère du patronyme d’Abedi Pelé. On note même ce mimétisme dans le positionnement et dans le jeu. Or, le caractère de Jordan l’a obligé à s’éloigner de cet héritage, à sortir de ce canon familial. Être un titulaire potentiel à l’OM, aujourd’hui à 20 ans, souligne un peu plus cette force de caractère."
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"À défaut de savoir ce qu’il veut, Jordan sait ce qu’il ne veut pas, résume Pape Diouf. Sa force de caractère est impressionnante. Cela ne m’étonnerait pas qu’il soit appelé à faire une grande carrière internationale, car tous les attaquants qui ont réussi en ont fait preuve. Je ne suis pas surpris de le voir là où il est actuellement, c’était inscrit en filigrane dans sa volonté de réussir."
"Si j’en suis là, c’est que je suis costaud mentalement", nous disait-il, justement, en stage de préparation. "Mais il a fallu le canaliser quand il ne jouait pas !, rétorque l’ex-agent et ancien journaliste. L’an dernier, il a fallu faire preuve d’autorité car il voulait quitter l’OM (pour Reims, Ndlr). Il n’en était pas question. Je lui ai dit :’Tu ne partiras pas. À partir du moment où ton entraîneur t’inclut dans le groupe pro, c’est une expérience remarquablement enrichissante. Et ça vaut mieux que de jouer en Ligue 2 ! On verra au terme de la saison.’ Il est resté. Et on voit ce que cela a donné..."
Hier, Jordan a profité de la fuite de Brandao au Brésil pour éclore aux yeux de tous. Aujourd’hui, la mise à l’écart d’André-Pierre Gignac arrive presque à point nommé pour qu’il explose. Aurait-il eu besoin de ces circonstances pour percer ? Rien n’est moins sûr. "Il a une carte à jouer, mais il faut qu’il ait plus confiance en ses capacités. On sent chez lui un potentiel très important. C’est un joueur qui a le profil pour devenir un mélange de George Weah et Didier Drogba", assure son "parrain". Jordan, lui, ne doute plus : "Depuis que j’ai joué face à Thiago Silva et Lucio, contre le Brésil avec le Ghana, plus rien ne me fait peur. C’est comme ça que l’on m’a élevé. Tous les garçons de la famille sont pareils : on n’a peur de personne et, sur le terrain, on se donne à fond."
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