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Que s’est-il donc passé à la mi-temps du match? Il est nécessaire de dissocier les faits des interprétations pour que chacun puisse se faire son idée.
Le rapport de l’arbitre.
Selon l’arbitre du match, Marcelo Gallardo est pris à partie dans le tunnel menant aux vestiaires des visiteurs par Christophe Galtier, adjoint de l’entraîneur marseillais de l’époque Bernard Casoni. Les deux hommes en viennent aux mains. L’entraîneur adjoint affirme avoir été provoqué et poussé par l’argentin. Galtier reconnaîtra avoir donné un coup de poing dans un geste «d’autodéfense». L’arbitre arrive enfin. Appliquant stupidement le règlement, il expulse le membre du staff phocéen et délivre un second carton jaune à el munico, synonyme d’expulsion. La scène est surréaliste car il faut s’imaginer, l’arbitre brandissant le carton à l’argentin, étendu à demi évanoui sur une civière. Officiellement, Gallardo est tombé malencontreusement dans l’escalier suite à l’altercation.
L’Argentin est évacué jusqu’à l’hôpital Princesse Grace, à Monaco. Galtier a écopé de 6 mois de suspension. Aucune sanction pour l’argentin, si ce n’est le traditionnel match de suspension. Gallardo porte plainte pour coups et blessures contre son agresseur et l’OM.L’affaire va traîner en longueur et Marcelo retirera finalement sa plainte, lassé d’attendre une réaction de la Ligue et surtout déçu du manque de soutien de son club.
Les raisons d’une suspicion.
Cependant plusieurs faits rapportés laissent à penser sinon à un coup monté, du moins à une agression en règle contre le meneur de jeu argentin. Les témoignages de ses coéquipiers tout d’abord. Son ami Constinha déclare ainsi: «Marcelo est tombé dans un traquenard. Ce n’est pas un coup de poing qu’il a reçu mais un tas de coups à la tête au thorax et au bas ventre. Il m’a dit qu’il a cru qu’il allait mourir.». En vérité, toujours selon les témoignages monégasques, il apparaît que le joueur a été agressé par Galtier puis s’est retrouvé au sol dans le tunnel où il aurait subi pendant une trentaine de secondes, de la part de joueurs marseillais mais aussi d’agents de sécurité du stade, un véritable passage à tabac! «Un lynchage» selon Henri Biancheri, directeur sportif de Monaco à l’époque.
Plusieurs éléments laissent à penser qu’il pourrait s’agir de plus d’un acte prémédité tant les forces en présence avant le match paraissaient en défaveur de Marseille. Tout d’abord, la manière dont Gallardo a été isolé et assailli en un temps très court. Surtout, ni les caméras de Canal plus, ni celles d’OM TV n’ont été autorisés pour ce match à filmer les tunnels menant aux vestiaires. Une étrange coïncidence... C’est pourtant une habitude pour la chaine cryptée. Et c’est une des rares fois, pour ne pas dire la seule et unique, où la chaîne dédiée au club olympien n’a pas filmé l’intimitéde la mi-temps d’un match du club le plus populaire de France. A ces faits troublants, s’ajoutent des rumeurs circulant dans le milieu journalistique, certes à prendre avec des pincettes, comme toute rumeur. Lorsque j’étais pigiste au Figaro, un collègue, envoyé spécial pour ce match, m’a affirmé avoir entendu la veille, sur la terrasse d’un café, deux membres du staff olympien évoquer un incident de ce genre avec Galtier et Abardonado comme éléments déclencheurs (version au conditionnel puisque Jacques A. n’a pas été partie prenante de ce triste épisode). Cette dernière information, de par son caractère hypothétique, n’est pas à considérer comme un argument.
Bref, du fait de l’attitude très ambigüe et contradictoire du club princier, ajouté aux intérêts énormes qu’auraient pu mettre à mal un tel scandale, la lumière ne sera jamais faite sur cette sombre histoire...