C'est le moment de vendre l'OM
Tous les indicateurs sont au vert pour planifier la cession de l'OM par Margarita Louis-Dreyfus. Nous vous livrons les clés pour décrypter un dossier qui alimente les coulisses du club marseillais.
A la fin de l'entretien qu'il nous a accordé (voir par ailleurs), l'économiste du sport, Frédéric Bolotny a lancé dans un éclat de rires : "L'OM demeurera l'image la plus forte de Marseille. "Plus belle la vie" va bien s'arrêter un jour !" Si la série à succès de France 3 a conquis les coeurs, c'est l'avenir du club phocéen qui fait l'objet de toutes les rumeurs dans le microcosme marseillais. Trois ans après la disparition de son mari, Margarita Louis-Dreyfus chercherait à vendre le club. Un serpent de mer en somme... Aucune information solide ne vient confirmer ces bruits. En revanche, on peut affirmer que le contexte est devenu très favorable pour envisager une cession de l'OM.
"Margarita a rendu le bébé tout beau"
Après trois années déficitaires, l'actionnaire majoritaire a imposé la rigueur. Elle a exigé une balance positive des transferts et une baisse de la masse salariale. Objectifs atteints sur toute la ligne. Par ailleurs, l'OM n'a plus aucune créance sur des transferts en cours. L'effectif est désormais constitué de nombreux jeunes joueurs au fort potentiel. "C'est un actif pour le club car un vieux joueur avec un gros salaire ou un élément bientôt en fin de contrat ne vaut rien", explique Frédéric Bolotny. MLD n'y est pour rien mais le bon début de saison des troupes d'Elie Baup accentue la bonne image du club en vue d'une vente. "Elle a rendu le bébé tout beau. Si elle n'a pas prévu de vendre, ça y ressemble fortement tout de même", analyse un expert de ce genre de transactions.
Outre sa situation comptable, le club marseillais dispose de gros atouts pour intéresser des investisseurs. L'OM est une marque forte. Son potentiel public est immense et il peut s'appuyer sur une histoire incomparable sur le marché national. Devenir propriétaire d'un club comme l'OM c'est l'assurance d'une caisse de résonance pour sa personne ou son activité. Roman Abramovich à Chelsea ou le Cheikh Mansour à Manchester City, qui viennent dans le foot avec pour seul objectif de gagner, font figure d'exceptions. Généralement, les investisseurs ont une idée derrière la tête.
La Mairie : "On reste attentif"
En prenant l'OM dans les années 1980, Bernard Tapie pensait à sa carrière politique. Canal+ avait acheté le PSG pour valoriser un championnat qu'il diffusait. C'est pour conserver l'OM dans l'escarcelle d'Adidas que Robert Louis-Dreyfus avait récupéré le club olympien avant d'utiliser le maillot comme une vitrine de ses activités dans les télécommunications. Le Qatar se sert du PSG pour son image à l'international. Pour un investisseur local ou international, la marque OM demeure un produit d'appel merveilleux. MLD le sait. Encore faut-il trouver le bon client car il devra s'accommoder des nombreuses composantes marseillaises.
Un club est une somme de conventions entre la SASP, qui gère le secteur professionnel, l'association, qui conserve le numéro d'affiliation à la FFF, mais aussi les collectivités. En premier lieu, la Mairie. "A ma connaissance, Margarita Louis-Dreyfus n'est pas en train de vendre le club. Si demain, elle devait le faire, en raison des excellentes relations de M. Gaudin avec son défunt mari et elle-même, j'imagine qu'elle en informerait le Maire, nous confie Richard Miron, adjoint au Maire en charge du sport. La mairie reste attentive à l'OM. C'est une entreprise privée donc par conséquent, on ne pourrait pas intervenir. Mais le Maire est libre de donner son avis comme sur tous les sujets qui concernent le territoire de la ville de Marseille." Quand on sait qu'une simple déclaration de Bertrand Delanoë sur l'origine des fonds qataris avait fait capoter le rachat du PSG en 2006, on mesure le poids de la Mairie dans ce genre de dossier. Il ne faudrait pas oublier que dans "Olympique de Marseille", il y a "Marseille".
Le nouveau Vel' assure le jackpot
Le stade Vélodrome et les terrains de la commanderie, où évoluent l'OM, appartiennent à la municipalité. D'ailleurs, les deux parties pourraient prochainement trouver un terrain d'entente pour une cession du centre d'entraînement qui intègrerait donc la colonne des actifs de l'OM... Une donnée importante en vue d'une vente. Tout comme la gestion des revenus autour du match. Un point crucial pour un patron de club. Le fameux "match day" qui assure des recettes colossales. En 2011, le cabinet Deloitte affirmait que les revenus procurés par les soirées au Vel' s'élevaient à 25 millions d'euros par saison. Dans le nouveau stade Vélodrome couvert et modernisé de 67.000 places, ce sera bien plus.
Dans ce contexte, "un loyer de 6-8 millions par an est très raisonnable", précise Frédéric Bolotny qui pointe du doigt le gros point noir que constitue la gestion des abonnements des virages par les groupes de supporters. Cette spécificité marseillaise peut refroidir les ardeurs d'un potentiel acquéreur. Imaginez la manne financière qui échappe au club lorsqu'il cède à un prix modique 26.000 abonnements. S'il venait à l'idée de récupérer cette commercialisation, le nouveau patron pourrait faire exploser les compteurs. Mais il devrait avancer de solides arguments sociaux et sportifs. Ce sujet n'est pas le nerf de la guerre.
Si un richissime personnage se penche sur le club, l'audit qu'il réalisera sera précis. "Acheter un club c'est accepter de perdre de l'argent, conclut Luc Dayan. Cela devient une bonne affaire quand il dégage des bénéfices." Et si Margarita Louis-Dreyfus savait déjà que l'OM en est une ?
Ivan Bonet, à Marseille
http://www.mediafootmarseille.fr/actual ... vendre-lom