un grand coup de chapeau à Elie
ÉLIE BAUP devrait passer d’excellentes
fêtes de fin d’année. Surtout si, ce soir, l’OM
bat Saint-Étienne. Sinon ? Sinon, il pourra
quand même se dire que l’année 2013
devrait être bien plus excitante que celle qui
s’annonçait en 2012. Il y a un an, il était
considéré par ses amis comme un consultant
TV très pertinent. Et un has-been par
tant d’autres, notamment ceux qui avaient
eu vent des refus auxerrois ou nancéien de
faire appel au service d’un technicien en
rupture de banc depuis son départ de
Nantes, en 2009.
En l’espace d’une demi-saison parfaitement
maîtrisée, l’entraîneur marseillais
(57 ans) s’est racheté une image plus flatteuse,
celle d’un technicien avisé, d’un
meneur d’hommes chaleureux. « Il a récupéré
un groupe qui avait terminé dixième
avec quatorze défaites, note Vincent
Labrune, son président. En Championnat,
on a quasiment remporté autant de
matches (11) que sur l’ensemble de la saison
passée (12). Ce n’était pas gagné du
tout, du tout, du tout. Oui, je suis content. »
La première impression a son importance.
Celle laissée par Baup a rassuré son groupe.
« Quand les joueurs adhèrent au projet du
coach, c’est plus facile de faire de grandes
choses, souligne Souleymane Diawara. Surtout
quand personne ne nous attend
comme c’était notre cas cette saison. On
joue libérés. À l’arrivée du coach, on s’est
dit : “Il va avoir la pression, il arrive après
(Didier) Deschamps, il n’a pas entraîné
depuis trois ans.” Et lui, il est arrivé zen. Il
nous a mis en confiance. Je crois qu’il était
sûr de lui. »
Diawara : « Après Lorient,
il nous a tués.
Il a bien fait »
D’entrée, Baup a imposé un schéma, le
4-2-3-1, des principes de jeu qui font la
place belle aux échanges à terre, et une
volonté évidente d’aller de l’avant. C’est à
partir de la fin septembre, quand les résultats
devinrent moins idylliques (1), qu’il fit
parler son autorité. « Quand il a senti que
nous étions moins bien, il a repris les choses
en main, a resserré les boulons, indique
Steve Mandanda. Il nous a poussés à revenir
aux bases dans la concentration, l’exigence
individuelle, la dimension collective.
» « Il a son caractère, poursuit
Diawara. Quand il n’est pas content, il tape
du poing. Mais c’est toujours positif. Il nous
répète qu’on a la capacité de faire beaucoup
mieux. Après Lorient (0-3, le
9 décembre), il nous a tués. Il a bien fait.
Après ça, on gagne deux matches à l’extérieur
(à Bastia, 2-1, le 12 décembre ; à Toulouse,
1-0, le 15).Àla mi-temps, à Ajaccio, il
a aussi gueulé. Et on a gagné (2-0, le
4 novembre) en étant bien meilleurs. »
Père Fouettard si besoin, Baup favorise
d’abord le dialogue. « Il est très proche des
joueurs, juge Mandanda. Il parle beaucoup
avec moi ou avec d’autres anciens pour en
savoir plus sur l’esprit des gars, si on se sent
fatigués ou pas, par exemple. Et il en tient
compte. Un coach attentif, c’est important.
»
Sur la fin de son règne (2009-2012), Didier
Deschamps, son prédécesseur, se sentait
un peu seul quand il fallait faire face aux difficultés.
Baup, lui, sent tout le club pousser
derrière lui, quand il s’agit d’inverser une
courbe inquiétante. Et notamment son staff
médical, qui a remis Gignac sur pied en un
temps record (2). Rusé dans sa communication,
le Haut-Garonnais n’est tombé, jusqu’ici,
dans aucun piège. Après Bordeaux
(0-1, le 18 novembre), il a bien été suspecté
d’avoir fait entrer en jeu l’amateur Fabrice
Apruzesse dans le but de prendre publiquement
ses dirigeants à témoin sur le manque
de joueurs à sa disposition. Labrune s’est
personnellement chargé de prendre sa
défense. À l’OM, c’est “Touche pas à mon
Baup”.
RAPHAËL RAYMOND