Rochi a écrit:
C'était sur Arte hier ?
Football : l'OM, ses buts, ses exploits et... ses voyous
VIDÉO. Agents menacés, entraîneurs intimidés... À 3 jours du Mondial, un documentaire, diffusé mercredi sur France 3, lève le voile sur le club marseillais. Par Marc Leplongeon
Publié le 12/06/2018 à 09:50 | Le Point.fr
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À quelques jours du début de la Coupe du monde, le documentaire Olympique de Marseille : quand le milieu faisait la loi*,
diffusé mercredi soir sur France 3 à 23 h 5 dans l'émission Pièces à conviction, contient quelques séquences croustillantes. Lesquelles portent notamment sur les liens entretenus par le club avec quelques-uns des plus gros voyous de la cité phocéenne. Réalisée par Jérôme Pierrat et produite par Jacques Aragones, l'enquête, très documentée, tente de répondre à cette question : l'OM est-il sous l'emprise de voyous ?
Étienne Ceccaldi, un ancien juge appelé à la rescousse en 2001 pour prendre la tête du club, et qui le quittera dès l'année suivante après avoir pointé publiquement l'influence du milieu, se confie longuement aux journalistes : « Ce qu'on m'a rapporté, de source certaine, affirme-t-il, c'est qu'à certains joueurs qui avaient refusé de signer avec Gilbert Sau (un agent de joueurs, NDLR), on a dit : Si tu ne signes pas, on va te casser les jambes et tu finiras ta carrière à vendre des salades sur le marché des Capucins. »
Le témoignage de l'agent de Robert Pirès
Un témoignage loin d'être isolé… Frédéric Dobraje, l'ancien agent de Robert Pirès, champion du monde 98 avec les Bleus, a lui aussi accordé une longue interview, dans laquelle il assure, en 2000, avoir été victime d'intimidations de la part de voyous liés au neveu de Francis Le Belge, un des piliers de la French Connection. Pendant des semaines, les menaces verbales vont continuer jusqu'à ce que Dobraje reçoive un appel, un jour de septembre : « J'ai reçu un coup de fil d'un ami dont je tairai le nom, un ancien dirigeant de Marseille, qui me dit : Fredo, tu ne seras plus emmerdé. » Le neveu du Belge vient d'être assassiné.
Frédéric Dobraje tacle également les méthodes de Jean-Luc Barresi, un autre agent réputé proche du milieu (ses deux frères sont des truands notoires), dont le nom revient en boucle dans les affaires concernant l'OM et dans les investigations portant sur les transferts douteux du club. Interrogé, Hatem Ben Arfa assure ne rien savoir : « Moi, ce qui m'intéresse, c'est que mon avocat et mon conseiller n'ont rien à voir là-dedans, confie le milieu offensif.. (…) Ce qui se passe derrière, ça ne m'intéresse pas. (…) Je peux pas faire la justice, je suis joueur de foot. »
Des écoutes téléphoniques embarrassantes
Le documentaire de France 3 met en lumière une partie des écoutes téléphoniques sur lesquelles s'appuient les enquêteurs. Comme cet échange hallucinant entre José Anigo, ex-cadre de l'OM, et Richard Deruda, un ancien voyou, le second reprochant au premier de ne pas trouver de club à son fils, Thomas, footballeur professionnel :
- « José, t'es en train de me faire fumer. T'es en train de me faire péter la casserole ! avertit Deruda.
- Oh, Richard, j'ai appelé déjà dix clubs pour faire embaucher ton fils, arrête ! s'agace Anigo.
- Tu redeviens footballeur quand ça t'arrange, toi ! lui rétorque Deruda. (…) Attends que je te rafraîchisse la mémoire va, te casse pas la tête (…) On va bientôt se voir. Il va falloir que tu m'écoutes avec tes grandes oreilles ! »
Dans une autre écoute téléphonique, Jean-Pierre Bernès, un des plus importants agents de footballeurs, assure à son interlocuteur que l'épouse de Jean Fernandez, entraîneur de l'OM en 2005, aurait été emmenée au bord d'une falaise par des gros bras pour que son mari fasse jouer le jeune Thomas. Un scénario qui aurait finalement conduit à la démission de l'entraîneur, comme le jure sur procès verbal Pape Diouf, ancien président de l'OM : « Jean est venu me voir pour me dire qu'il voulait partir. Après l'avoir un peu cuisiné, il m'a dit qu'il avait été menacé par Deruda. » Des faits que l'intéressé a toujours niés.
Composer avec les figures du milieu, « seul moyen de diriger l'OM »
Empêtrés dans l'enquête, plusieurs anciens cadres de l'OM sont passés à table ces derniers mois devant les policiers. Les uns rejetant la faute sur les autres : « Le seul moyen de diriger l'OM, c'est de composer et de prendre en compte les forces en présence que sont les agents et l'environnement local, à savoir les figures du milieu marseillais qui gravitent autour du club », a tranché Vincent Labrune.
Un « environnement local » auquel personne ne semble avoir échappé, pas même Didier Deschamps, ex-entraîneur de l'OM et aujourd'hui sélectionneur de l'équipe de France. Lors de son passage, entre 2009 et 2012, Deschamps, placé à la tête de l'OM par son agent, Jean-Pierre Bernès, s'était violemment heurté au clan Anigo et au principal groupe de supporteurs : les South Winners. Face caméra, Rachid Zeroual, un des patrons emblématiques du groupe, plusieurs fois condamné pour violences, assure que Deschamps aurait essayé de l'exclure du Vélodrome : « J'allais pas laisser un petit nabot, petit napoléonien, crier haut et fort qu'il allait me faire couper la tête par des gens dans ma propre ville. »
Et Zeroual de conclure, un sourire aux lèvres : « Il était parti dans un restaurant et je suis allé dans ce restaurant pour, euh…, pour aller le remuer un peu (…) Quand j'ai vu qu'il savait plus me répondre, qu'on ne m'avait pas menti, et qu'il bégayait, je lui ai donné un conseil : c'est de quitter l'Olympique de Marseille. Que s'il m'arrivait quelque chose, derrière il suivait. (…) Et il est parti de l'Olympique de Marseille. Je l'ai fait trembler de tout son corps. Je lui ai dit que je lui décapsulerai la tête de ses épaules. » Espérons juste, à quelques jours du Mondial, que l'ambiance, en équipe de France, est plus apaisée…
Retrouvez ici notre dossier sur le Mondial 2018.
* Pièces à conviction, « Olympique de Marseil