Lui, j'y croyais vraiment, ça s'appelle avoir du nez
Il y a dix ans, Rahmane Barry vivait une des plus belles pages de l'histoire récente de l'OM. Jean Fernandez l'avait fait rentrer à un quart d'heure de la fin dans un bouillant OM-La Corogne (5-1) au Vélodrome. Il était donc aux premières loges pour voir son compatriote Mamadou Niang crucifier les Galaciens, avant de prendre place dans la désormais célèbre ronde formée autour de Robert Louis-Dreyfus, descendu communier sur la pelouse en claquettes avec ses joueurs.
Barry n'avait pas encore 19 ans. Il ne le savait pas encore, mais ce match allait être un mauvais tournant dans sa carrière. Car avec l'argent de sa victoire en coupe Intertoto, l'OM se paie Christian Gimenez, l'attaquant argentin de Bâle. Le jeune Rahmane, qui vient de connaître sa première sélection en A avec le Sénégal, est du coup envoyé en prêt à Lorient. Cela faisait deux ans qu'il était proche du groupe pro à l'OM. Un jour, José Anigo l'avait même pris par la manche pour forcer la porte du bureau d'Alain Perrin car il n'avait rien à faire avec la réserve selon lui.
En Bretagne, Barry fait une première belle saison, marquant notamment le but de la remontée en Ligue 1. Il renouvelle son prêt mais se perd ensuite dans ses choix de carrière : Sedan, Gueugnon, Beauvais puis une courte aventure en Thaïlande pour finir à l'US Montagnarde, un club breton en DH, le sixième échelon national. Il y joue encore aujourd'hui, où il a affronté Brest en coupe de France et son ancien coach à Gueugnon, Alex Dupont (défaite 3-0 au septième tour). Pour subvenir aux besoins de sa famille, celui qui a désormais 29 ans travaille au Monsieur Bricolage de Belz, dans la banlieue de Lorient.
Il se fait à cette nouvelle vie dans le monde amateur, même si ce n'était pas gagné. "La DH, c'était compliqué au début. Les entraînements le soir... Il faut savoir accepter qu'il y ait moins de qualité. J'ai mis du temps" explique-t-il au Télégramme. "On s'est parfois " frités ", mais il n'y a pas de problème. Il a une vraie présence, il est capable d'amener derrière lui le reste du groupe. C'est quelqu'un d'un peu têtu, qui a du caractère, mais c'est mon capitaine, et c'est encore plus vrai cette année" complète son entraîneur dans le quotidien local.
Ce rôle de grand frère, Barry l'avait déjà tenu à l'OM lorsqu'il avait conseillé à un jeune du centre de formation, de trois ans son cadet, d'aller faire ses gammes à Lorient. Un certain André Ayew...