le torchon très négatif
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Dans sa conférence de presse d’après-match, au moment d’expliquer le faux départ de son équipe, Didier Deschamps a relevé des « différences de niveau physique » et, plus ennuyeux, « des problèmes extrasportifs ».
UN VESTIAIRE À L’AMBIANCE PESANTE
« L’ambiance est un peu pesante », a admis l’entraîneur marseillais. Elle n’a plus rien à voir avec celle qui a accompagné l’OM vers les sommets la saison passée. Lors de la phase retour, les Marseillais ont refait un handicap qui semblait rédhibitoire en s’appuyant sur un collectif soudé autour d’un pacte et d’un projet motivant : dépoussiérer le palmarès de l’OM.
Depuis la reprise, plusieurs joueurs ont la volonté d’en tirer profit. Soit en cherchant à aller monnayer leur talent ailleurs, comme Taiwo en juillet ou Niang en ce moment. Soit en sollicitant une prolongation de contrat. Comprenez, une augmentation. C’est le cas de Kaboré, dont le salaire (50 000 euros) est au moins trois fois inférieur à celui de Cheyrou à qui il a pris la place, de Cissé, qui, à moins de 100 000 euros, fait figure de cadre au SMIC, de Valbuena, qui perçoit 130 000 euros, soit plus de deux fois moins que Niang (320 000 euros). Mbia doit également être revalorisé.
Au fond, cette attitude constitue une étape assez banale dans la vie d’un club sacré champion de France. Sauf qu’à Marseille les questions n’ont pas encore été réglées.
D’un été à l’autre, la petite musique jouée en sourdine dans le vestiaire a changé. Elle est nettement moins harmonieuse. Ce n’est plus une ode au collectif et au plaisir de travailler sous la direction de Didier Deschamps qui résonne mais la dissonance d’un ensemble de solistes préoccupés par leur sort, plus que par celui de leur club. « Ce n’est pas le contexte idéal pour préparer un début de saison, estimait Steve Mandanda, hier. On est dans le doute, certains s’interrogent sur leur avenir, d’autres se demandent qui doit arriver. Individuellement, on se pose des questions. Il nous tarde de connaître l’effectif définitif que nous aurons. »
Samedi, dans les coulisses du Vélodrome, certains ont cru voir des sourires sur le visage de quelques-uns, qui n’avaient pas joué. Faut-il s’en étonner ? Il y a un an, l’OM avait bouclé son recrutement fin juillet. S’il n’y a pas encore le feu, il est grand temps pour les décideurs marseillais de définir plus précisément son effectif pour la saison 2010-2011. C’est, en filigrane, ce qu’a réclamé Deschamps.
DASSIER FAIT
LE GRAND ÉCART
Lassé de voir la construction de son effectif sans cesse retardée, DD a exposé le problème assez clairement. Une façon habile de placer chacun face à ses responsabilités. Si ses dirigeants n’ont pas les moyens de suivre ses recommandations sportives et de renforcer le groupe existant, il fera avec. Mais il ne faudra pas forcément lui demander de faire des miracles, notamment en Ligue des champions. Sa position n’est pas surprenante. On peut la comprendre comme on peut comprendre la prudence de ceux qui tiennent les cordons de la bourse. L’OM a été sacré champion en mai dernier mais son compte d’exploitation sur la saison a fini en léger déficit alors que lors des trois exercices précédents, terminés sur le podium, il avait bouclé ses comptes avec des excédents en caisse, bien aidé, il est vrai, par la vente de ses joyaux (Drogba, Nasri ou Ribéry, notamment).
Jean-Claude Dassier se savait contraint au grand écart pour respecter les desiderata de son actionnaire (réduction de la masse salariale de 10 % minimum) et ceux de son entraîneur (un milieu défensif et un attaquant de niveau international). Il ne s’imaginait pas forcément entre un marteau et une enclume. Vu les atermoiements marseillais sur le marché des transferts, tout le monde se demande, dans son environnement, si l’OM a les moyens de ses ambitions. Jusqu’ici, son titre de champion, attendu depuis dix-huit ans, lui coûte très cher. Sur un mur proche du centre d’entraînement, des supporters ont demandé le retour de Didier Drogba. Les virages samedi ont réclamé le retour de l’Ivoirien. Ils ont raison. Rêver, ça ne coûte rien.
RAPHAËL RAYMOND (avec H. F.)