France - Ligue 1 - Mercato - Olympique de Marseille Vendredi 19 Juillet 2013 Par Pierre Henry-Dufeil Mais qui es-tu, Giannelli Imbula ? Recrue surprise de l’Olympique de Marseille, l’ex-milieu de terrain guingampais a animé les pages transfert ces derniers mois sans que le grand public ne connaisse qui se cache derrière ce grand gaillard qui a intégré les Bleuets de Willy Sagnol en juin dernier. Lumière sur un insouciant équilibré.
« Oui », « J’espère », « On verra ». En juillet 2010, au moment où il s’apprête à disputer sa première saison pleine avec l’équipe fanion de l’En Avant, le gamin de 18 ans détonne par sa timidité et ses – très – brèves réponses en interview. Mais très vite, les aficionados du club découvrent que le gamin est beaucoup, beaucoup plus bavard sur le terrain. Dans un effectif meurtri par la descente en National, Imbula commence progressivement à trouver sa place entre des vieux briscards (Mathis, Giresse) et des jeunes talentueux (Knockaert, Samassa, Soly). Son premier coup d’éclat intervient le samedi 18 septembre 2010. Un an quasiment jour pour jour après avoir débuté en Ligue 2, et être devenu le plus jeune joueur à débuter en pro avec le maillot guingampais. Mais la réception de Colmar, devant moins de 5000 spectateurs au Roudourou, n’a rien d’un record. Il ne reste plus qu’une poignée de secondes à disputer en première mi-temps lorsque Knockaert traverse le terrain en diagonale et lance Imbula. Aux 20 mètres, « Gia » élimine le dernier défenseur avec une de ses spéciales : le contrôle sur une impulsion. Déroutant, surpuissant. Son coup de rein lui permet d’arriver à vive allure face au gardien à l’entrée de la surface. Là où bon nombre auraient buté ou tenté un gros pointard dans les dents du portier, Imbula a la lucidité de piquer merveilleusement le ballon au-dessus du dernier rempart. Joga bonito.
Diaby, le modèle
Ce premier but en pro est à l’image du personnage : insouciant. Que ce soit contre Marseille en Coupe de France ou contre Niort en Ligue 2, Imbula joue de la même manière qu’il vous salue : « Bien, tranquille. » Il va découvrir la Ligue des champions cette année ? « Bien, tranquille. » Un des dirigeants de l’EAG s’amuse souvent à dire que « peu importe s’il joue une finale de Coupe du monde ou un match dans son quartier avec ses potes, ça ne change rien. Il abordera toujours les matchs de la même façon. » L’insouciance se traduit aussi par des actions de grande classe. Le Roudourou se rappelle déjà de ses percées ravageuses dans l’axe où les adversaires tombaient un à un, déstabilisés, déboussolés par la vitesse, la puissance et la protection de balle exceptionnelle de l’enfant terrible des Côtes d’Armor. Les rares fois où il était dépossédé du cuir, c’est parce que trois adversaires désespérés lui tombaient dessus en même temps. Et encore… Demandez encore à Julien François, milieu du Havre, ce qu’il pense de celui qu’il a vu débouler du rond central avant d’expédier un missile de 35 mètres dans le cageot de Zacharie Boucher. Un but canon au terme d’un match sensationnel qui avait forcé le respect d’Erick Mombaerts après la rencontre : « Ce n’est pas Guingamp qui nous a gênés ce soir, c’est Imbula. Il a marqué la rencontre de sa classe. C'est un joueur exceptionnel. »
Son modèle, c'est Diaby. Ça tombe bien, le Franco-Congolais peut être considéré comme son clone, les blessures en moins. Grand, longiligne, puissant avec et sans le ballon. Imbula présente les mêmes qualités de percussion et de perforation que son aîné. « C'est un jeune prometteur, qui a été régulier tout au long de la saison. Il a de l'abattage, mais c'est quelqu'un qui peut provoquer aussi, détaille Bernard Casoni, l'entraîneur de l'AJ Auxerre, sur LePhoceen.fr. Il a un bon gabarit, de l'impact. Techniquement, c'est au point, et puis il y a encore une marge de progression. » Mais il ne faut se tromper. Imbula, c'est Imbula, pas la réincarnation de Diaby, Vieira ou Matuidi. Si son potentiel paraît largement supérieur à un joueur moyen de Ligue 1, il doit encore prouver tout le bien que l'on pense de lui. Et aussi se montrer un brin plus décisif. À l’heure où certains observateurs ne jugent que par les chiffres, le poids d’Imbula n’est pas proportionnel à son talent. Si l’on en juge ses statistiques, il n’est impliqué directement que dans 3 des 63 buts inscrits par l’En Avant en 2012/2013 (2 buts, 1 passe décisive). De son côté, Jocelyn Gourvennec juge sur le site de La Provence que son ancien poulain doit « encore progresser dans la récupération. Quand il y est moins, son jeu s'en ressent. Il faut qu'il soit un peu plus performant pour aller gagner des ballons dans les pieds de ses adversaires. »
Pisté par Paris, Chelsea et Barcelone
Malgré ses détails perfectibles qui font de lui encore un être humain avant de devenir – bientôt - un extraterrestre, les supporters bretons vont verser une petite larme le 11 août prochain lorsque leur prodige portera le maillot olympien au Roudourou. Un douloureux clin d’œil de l’histoire qui avait vu Drogba jouer son premier match avec l’OM… à Guingamp en 2003. Arrivé à l’âge de 15 ans après une année au PSG, le gars d’Argenteuil a marqué de son empreinte son passage à Guingamp. Que ce soit en jeune avec un quart de finale de Gambardella ou la montée en Ligue 1 avec les pros. Le Roudourou aura vu le gamin grandir, prendre de l’épaisseur. Le garçon chétif et timide est devenu un homme affirmé et costaud, avec quelques centimètres en plus après une crise de croissance au genou qui l’avait tenu éloigné des terrains pendant plusieurs semaines fin 2011. Il quitte Guingamp, son titre de meilleur joueur de Ligue 2 sous le bras.
Au-delà de son talent – qui paraît – hors-norme, Imbula est surtout un garçon équilibré et humble. Né en Belgique, d’origine congolaise et naturalisé français en mars, il est surtout bien entouré et conseillé par son père, qui le suit partout. À domicile comme à l’extérieur, d’Avignon à Auxerre, en passant par la tribune présidentielle de Roudourou, Willy Ndangi ne manque aucun match de son petit. Le regard protecteur du paternel s’était récemment assombri lorsque, dans les colonnes de Mercato365, il fustigeait la « mauvaise pratique » d’un agent : « Il lui a soutiré sa signature pour un mandat exclusif de deux mois. Vous voyez comment fonctionne ce milieu pour un gamin de vingt ans… Même s’il est majeur, il doit être entouré. » Cet équilibre familial lui a finalement permis de conclure dignement son histoire d’amour avec l'En Avant. Pour preuve, au moment où les plus grands clubs avaient un œil sur lui (Chelsea, Paris, Barcelone) et que les intérêts de Monaco et Marseille se faisaient de plus en plus pressants, il déclarait qu’il se rangerait au souhait de Guingamp. Et c'est déjà une belle victoire pour l'OM cette saison...
Les gens sont vraiment dythirambiques sur le joueur, c impressionnant...
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