Arrivé lundi en Turquie pour le tirage au sort de la Ligue des champions, Nasser al-Khelaïfi, plus encore que d'habitude, est l'objet de toutes les attentions dans les couloirs du Swissôtel d'Istanbul, où l'UEFA a pris ses quartiers, à quelques centaines de mètres du stade de Besiktas. Membre du comité exécutif de la confédération européenne, le président du PSG, qui séjourne dans un autre établissement par souci de discrétion mais multiplie les rendez-vous au Swissôtel, est devenu une figure incontournable du football européen.
La reconnaissance à laquelle il aspire depuis le rachat du club parisien par QSI (Qatar Sport Investments) en 2011 est assouvie au-delà de ses espérances. Et a même franchi un nouveau palier avec son recrutement XXL de l'été et l'arrivée surprise de Lionel Messi, le meilleur joueur du monde, en provenance du Barça. Mais le Qatarien doit désormais contenir les ardeurs du Real Madrid désireux de recruter Kylian Mbappé, avec une offre au montant inattendu de 160 millions d'euros. Pour l'heure, le PSG fait front, renforcé par le sentiment qu'il n'est pas forcé de vendre pour rester dans les clous du fair-play financier (FPF). Car le mode de calcul imaginé par l'UEFA pour sauver les finances exsangues des clubs européens impactés par le Covid-19 et le rapport de forces politique hérité de la tentative avortée de Super Ligue européenne jouent en sa faveur.
Les « pertes Covid » hors-jeu
On le sait, les règles du fair-play financier obligent normalement les clubs à ne pas dépasser un déficit de 30 M€ sur l'ensemble des trois derniers exercices comptables. Mais, depuis le début de la pandémie, l'UEFA leur offre une grande marge de manoeuvre, avec la possibilité, notamment, de diviser par deux leurs éventuels déficits des saisons 2019-2020 et 2020-2021. En clair, si un club a perdu, par exemple, 30 millions la première saison impactée par le Covid-19 et encore 20 millions la suivante, il peut ne comptabiliser que 25 millions d'euros de pertes pour ces deux exercices, au lieu de 50 millions. lire aussi La stratégie du Real Madrid pour attirer Kylian Mbappé
De même, les pertes liées à la pandémie (absence de billetterie, de loges VIP, baisse du sponsoring, du merchandising, des droits télé...) peuvent être totalement déduites. Pour le PSG, dont le déficit tourne autour de 200 M€, il s'agit d'une bouée de sauvetage. Car le club parisien a souffert d'une saison et demie à huis clos, sans ses « hospitalités » vendues à prix d'or, pour un préjudice tournant autour de 100 M€. Comme les autres clubs français, il a également été pénalisé par l'arrêt prématuré du Championnat en 2019-2020 (224 M€ non versés par les diffuseurs), ce qui lui a fait perdre de l'ordre de 15 M€. Et il a été impacté par une baisse du merchandising liée à la fermeture de nombreux points de vente.
Tous ces éléments doivent permettre à Paris d'alléger significativement son déficit. Qui peut, en vertu du nouveau règlement en vigueur pour ces deux saisons, être divisé par deux ! À l'arrivée, même sans vendre Mbappé au Real, le PSG paraît donc en mesure de s'en tirer face aux experts financiers de l'UEFA.
La réforme à venir et l'influence d'Al-Khelaïfi jouent pour Paris
Comme l'a révélé L'Équipe en avril, le fair-play financier va être revu et corrigé pour laisser un peu plus respirer les clubs déjà fortement impactés par la crise sanitaire. Avec la mise en place d'un « salary cap » et d'une « luxury tax ». En vogue dans les sports professionnels américains, ce système force ceux qui dépassent un seuil de masse salariale à payer une pénalité financière ensuite redistribuée à l'ensemble des participants. « L'idée est d'essayer d'en finir avec les sanctions et de ne pas freiner l'arrivée de capitaux », résume un proche du dossier. « Il faut laisser les investisseurs venir dans le football, ce qu'ils font d'ailleurs déjà, annonçait, le 28 mai Aleksander Ceferin, le président de l'UEFA, dans nos colonnes. Mais aussi assurer la compétitivité entre les clubs. »
Avec ce changement radical, qui devrait s'appliquer dès la saison prochaine, difficile d'imaginer des sanctions fortes pour la dernière année sous l'ancien régime. Le poids du PSG et de son président joue aussi en faveur d'une certaine clémence. Même si l'instance de contrôle financier des clubs (ICFC) de l'UEFA est indépendante, le rôle moteur de Paris, aux côtés des clubs allemands, pour faire échouer le projet de Super Ligue est dans les esprits. Tout comme la position d'Al-Khelaïfi, devenu président de l'ECA, la puissante association des clubs européens, suite à la récente redistribution des cartes... et c'est cette même ECA qui doit valider le fair-play financier new-look voulu par Ceferin.
_________________ "Tudor n’a aucune raison de l’aligner, ça peut être que mauvais pour lui si Payet est bon" "Anigo: tactiquement il est au dessus de Tudor"
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