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A l'OM, Dória n'a pas le droit de jouer
Marcelo Bielsa boude le capitaine des Espoirs brésiliens, chèrement recruté cet été et pourtant performant à l’entraînement.
Pour avoir la chance d'assister à un match de Matheus Dória (20 ans), il faudra se rendre dimanche après-midi au stade Roger-Lebert, quatre kilomètres au sud du Vélodrome, où reçoit la réserve marseillaise, leader du groupe G de CFA2. Le défenseur brésilien devrait enchaîner contre Toulon Le Las sa troisième titularisation du mois, après les succès contre Nîmes et Aix-les-Bains. Étonnant pour un international Espoir brésilien, arraché à la concurrence le dernier jour du mercato, pour un montant élevé de 6 millions d'euros. À ce rythme, il est bien parti pour devenir le joueur le plus cher de l'histoire de la cinquième division française.
Y aurait-il eu tromperie sur la marchandise? Il ne semble pas. "Il a une très bonne relance du pied gauche et peut être agressif sur l'homme. Il a laissé une bonne impression", résume le coach Thomas Fernandez, tenu de rédiger après chaque match un compte-rendu détaillé pour le staff de Marcelo Bielsa. Comme le coach argentin, il donne une note aux joueurs. Celles-ci sont classées secret-défense. Mais elles doivent logiquement être inférieures à celles de Baptiste Aloé, le minot titularisé contre Bordeaux (3-0), à nouveau retenu dans le groupe contre Nantes vendredi, au détriment du Brésilien. "Dória a trois Aloé dans chaque jambe, il n'y a pas photo", tranche pourtant un observateur du quotidien olympien.
À la disposition de la réserve
Matheus Dória était dans le groupe lors de six des huit derniers matches. Les autres fois, il a été laissé à la disposition de la réserve et a joué quatre-vingt-dix minutes. Bilan à l'approche de la trêve : des sept défenseurs centraux de l'effectif, Dória est le seul à n'avoir pas joué une minute en Ligue 1. Alors? "Il a le niveau pour espérer être titulaire mais pour le poste de central gauche, j'ai choisi Morel et Nkoulou et pour celui de central droit, Fanni et Nkoulou", a expliqué "El Loco" Bielsa il y a quinze jours. Il est vrai que le niveau actuel de Rod Fanni, buteur face à Nantes (2-0), valide sa préférence.
Il existe des arguments recevables à ces choix sans concession : la nécessaire adaptation pour un Sud-Américain de 20 ans qui n'avait jamais quitté son pays ; ou l'assimilation de la défense à trois régulièrement mise en place. Cependant, la rencontre de Coupe de la Ligue à Rennes (2-1), fin octobre, a marqué les observateurs, comme cet agent proche du club : "S'il n'a pas eu sa chance sur un match pareil, il n'y a plus de quoi s'étonner qu'il ne joue jamais." Un autre ajoute avec certitude : "Le coach ne veut pas le faire jouer car il ne l'a pas choisi."
Labrune a reçu quatre offres
Même s'il est tombé dans les bras de son entraîneur à la fin du match contre Bordeaux, le Brésilien apparaît donc la victime collatérale de la joute à distance à laquelle se sont livrés Marcelo Bielsa et Vincent Labrune. Le président marseillais ne s'en est pas caché dans son interview au JDD le 26 octobre : "Effectivement, il n'a pas eu le temps de procéder à la validation technique de Dória telle que le prévoit son schéma de recrutement, qui passe par le visionnage de 30 matches du joueur." Le départ à la CAN de Nkoulou, en janvier, pourrait l'inciter à revoir sa position. Car ses coéquipiers sont formels : Dória est un défenseur de grande qualité, qui continue de bosser à l'entraînement sans baisser la tête.
Vincent Labrune n'est "pas étonné". Il assume le transfert à 6 millions au nom d'une stratégie à long terme : "On ne perdra jamais d'argent avec Dória. Il est le capitaine des Espoirs brésiliens qui joueront les Jeux olympiques chez eux, à Rio. Il a toujours une grosse cote." Le président de l'OM dit même avoir reçu quatre offres ces dernières semaines pour son réserviste de luxe : trois pour un prêt (dont un club de Ligue 1) et une proposition de transfert. Il n'aurait même pas pris la peine d'y répondre. Il assure que le joueur ne partira pas au mercato de janvier. À ses yeux, Doria incarne l'avenir au même titre que Thauvin, Mendy, Imbula… Pour l'heure, Bielsa est sourd à cet argument.