Le tacle était à peine glissé. "Si notre attaquant a besoin de sept occasions pour marquer, ça devient un problème", a concédé Michel, dimanche soir, au moment d'expliquer le match nul de l'OM face à l'OGC Nice (1-1). Une rencontre qui, au vu des nombreuses situations olympiennes, aurait dû basculer dans l'escarcelle marseillaise.
Mais c'était compter sans le gâchis de Michy Batshuayi (5 tirs, 4 cadrés), qui a surtout fait briller le portier ciotaden du Gym, Yoan Cardinale. Sur ce point, personne ne peut donner tort à l'entraîneur espagnol. On aurait pu toutefois lui retourner la remarque : "Si un entraîneur a besoin de 83 minutes pour voir que son attaquant n'arrive pas à marquer, ça devient un problème". Car si le Belge a vendangé les occasions à foison, le Madrilène a encore affiché sa frilosité en tardant à sortir son buteur inoffensif pour lancer Steven Fletcher. Personne ne sait si l'Écossais aurait pu faire mieux. Mais sans essayer, impossible de le vérifier. Surtout que l'entraîneur de l'OM aurait même pu tenter de les associer. En vain.
Ce n'est pas la première fois que le coaching de Michel en cours de match interpelle. L'élégant joueur qu'il était semble avoir laissé placé à un entraîneur par trop calculateur, voire restrictif. Loin, très loin des principes chevaleresques de Bielsa-le-Fada, dont "l'Olympique de Marcelo" disputait chaque match avec la volonté de le gagner. Aujourd'hui, "l'Olympique de Michel" joue avant tout pour ne pas perdre. Et ça fait une sacrée différence.
On l'a encore constaté dimanche au terme du 11e match nul de l'OM cette saison. C'était déjà le cas face à Guingamp (0-0), où le technicien n'avait jamais réussi à mobiliser ses troupes. Et même contre le GFC Ajaccio (1-1) quand, malgré l'expulsion de Barrada à la 50e, il avait attendu la 70e pour décider de remplacer Diarra par... Romao, puis de sortir Nkoudou, blessé, par... Lucas Silva.
Alors, certes, l'Ibère n'est pas sur le terrain pour marquer des buts. Il ne peut d'ailleurs pas être tenu comme le principal responsable des déboires marseillais. Mais il fait partie de cet ensemble brouillon et désordonné. Au vrai, Michel donne l'impression de subir les rencontres sans pouvoir modifier le cours de celles-ci. Il s'était pourtant montré plus actif et inspiré, notamment face à Lyon, à domicile (1-1), en alliant "GK" Nkoudou à Batshuayi après le carton rouge d'Alessandrini ou, plus récemment, contre le PSG (1-2), alors que son équipe avait fini avec cinq joueurs à vocation offensive sur la pelouse du Vélodrome. D'un point de vue global, il fait donc des choix souvent tardifs, pas toujours couronnés de succès et principalement marqués du sceau de la prudence.
Une prudence qui se ressent jusque dans le jeu proposé par ses ouailles. Hier encore, l'OGCN, malgré ses limites, a montré des arguments bien plus intéressants en termes de mouvement et de construction. Sans identité ni plan de jeu, manquant cruellement de force collective, l'OM (11e de L1), sous sa houlette, est devenu une équipe de contres, qui attend sagement dans son camp pour ensuite exploiter la vitesse de ses ailiers. Et une formation qui plonge ses fidèles dans un ennui mortel, hormis face au PSG ou contre Lyon.
Avant de recevoir l'Athletic Bilbao et l'AS Saint-Étienne coup sur coup, pour le bien de tous, il serait sans doute temps d'être moins prudent...
_________________ Pablo, Mc Court, si vous avez une once de fierté, CASSEZ-VOUS
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