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L'Équipe, 20/11/2010
Taiwo n’en a pas fini
Le défenseur nigérian veut enrichir son palmarès avec l’OM avant, peut-être, de s’en aller l’été prochain.
STUPEUR sans tremblement. Mardi dernier, Didier Deschamps découvre Taye Taiwo à la reprise de l’entraînement de l’OM. « Mais que fais-tu là ? » « C’est une surprise, coach ! » Taiwo se marre. L’international nigérian devait rejoindre sa sélection la veille, mais un coup de téléphone lui a appris l’annulation d’une rencontre amicale en Iran. Il était alors à l’aéroport de Marseille, prêt à embarquer... Pas de quoi décontenancer le plus ancien Olympien en activité, arrivé ici en 2004, touché l’été dernier par un contretemps bien plus fâcheux. L’Atletico Madrid s’était rapproché de lui, l’OM a fermé la porte à double tour. Taiwo, vingt-cinq ans, en fin de contrat en juin prochain, a encaissé.
« J’ai parlé avec le coach qui m’a dit : "Taye, j’ai besoin de toi". J’ai répondu : "Je veux juste voir ailleurs." » Cette envie l’a poursuivi. Il avoue encore une discussion avec son entraîneur, dans la foulée de la victoire contre le Paris-SG lors du Trophée des champions (0-0, 5-4 aux t.a.b., le 28 juillet). « Je lui ai répété : "Laissez-moi partir. C’est le bon moment. Je sais que c’est vous qui ne voulez pas que je parte. José (Anigo, le directeur sportif) ne va pas dire non, c’est impossible, donc c’est vous qui avez mis la pression au président et à madame Louis-Dreyfus (la propriétaire). Je ne suis pas à 100 %, même si je suis vraiment heureux d’avoir été nommé capitaine." C’était non. J’ai réfléchi, et je ne suis pas un voleur. On me connaît grâce à l’OM, je vais tout donner pour le club. »
« Je rigole toujours. Sauf sur le terrain »
Il n’a pas songé à un bras de fer, ne veut plus entendre parler de négociations. « Le président m’a dit que c’était le bon moment pour discuter, mais avec un match tous les trois jours, je préfère ne penser qu’au foot. On verra plus tard. » Il ne dit pas qu’il partira en fin de saison. Il ne dit pas non plus qu’il restera. On sent bien qu’il aimerait changer d’air, comme tous ses grands copains passés par l’OM. « Je les ai tous vus partir, Modeste (Mbami), Mamade (Niang), Cissé, Nasri... ça fait bizarre. Quand je suis venu ici, je ne savais même pas que Marseille existait ! Au Nigeria, on connaissait Paris. Et j’ai tout appris ici, je suis trop content d’être venu. » Il énumère ses piliers marseillais : « Il y a trois personnes pour moi. En un, Pape Diouf (manager général de l’OM en 2004), que je ne remercierai jamais assez de m’avoir fait venir ; en deux, le public qui est et restera dans mon cœur à jamais ; en trois, Éric Gerets (entraîneur de l’OM de septembre 2007 à juin 2009), qui aura été comme un deuxième père pour moi. Quand je pense à lui, ça me fait du bien... »
Il se passe la main sur le cœur, son regard s’éclaire : « Je n’oublierai jamais nos supporters sur le Vieux-Port après la Coupe de la Ligue (victoire 3-1 contre Bordeaux, le 27 mars 2010). J’ai la cassette au Nigeria et je me la passe souvent. C’était extraordinaire. » Ce soir, à Toulouse, il devrait retrouver sa place à gauche de la défense, à la place de Heinze, certainement laissé au repos. Comment vit-il cette concurrence, née l’an passé ? « Gaby est un grand monsieur, il a tout gagné mais c’est vrai que j’aimerais jouer plus. Je joue un match, même bon, je me repose le suivant... Pour la confiance, c’est bien d’enchaîner. Quand je sors de l’équipe, ça me dérange dans mon corps. Ce n’est pas facile. Mais je n’en parle pas avec le coach, c’est son métier de décider. » Il l’accepte. « Se fâcher ? Ah, non ! Quand j’ai vu que je n’étais pas dans l’équipe contre Monaco (2-1, le 10 novembre en quarts de finale de Coupe de la Ligue), j’ai souri. Que puis-je faire ? Le coach m’a demandé pourquoi je rigolais. » Sa réponse ? « Tu me connais. Je rigole toujours, sauf sur un terrain. » En cette fin d’après-midi, la nuit est tombée sur la Commanderie. Taiwo insiste : « L’important, c’est l’équipe. Que je sois sur le banc ou pas. Ma famille m’avait dit : "Avant de partir, tu dois remporter quelque chose." On l’a fait. Et depuis que je suis au club, on a toujours été meilleurs en deuxième partie de saison. Je suis donc confiant pour la suite, on peut conserver notre titre. » Le Nigérian veut marquer encore un peu plus son passage à l’OM.