il mérite son topic car quoi qu'on dise ce mec a de la classe
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Cissé s’est mis sur le banc
En proie à un mal-être, le milieu de l’OM a suggéré fin février à Didier Deschamps de le sortir du onze de départ.
MARSEILLE – de notre envoyé spécial permanent
L’IDÉE, AU DÉPART, était assez banale : sonder Édouard Cissé sur sa vie actuelle de remplaçant. Après la claque lilloise au Vélodrome (1-2) le 6 mars, le milieu défensif est sorti du onze de départ. Il n’y est réapparu qu’à Lens (1-0), le 3 avril, à la faveur d’une suspension de Souleymane Diawara. Les amateurs de jérémiades resteront sur leur faim. L’étude du cas Cissé a permis de vérifier qu’un séjour sur un banc de touche n’était pas toujours une sanction.
À la fin du mois de février, alors qu’un programme appétissant, avec Rennes, Manchester United et le PSG, se profilait, le Palois, victime d’un « coup de moins bien », est allé proposer à Didier Deschamps de le mettre sur la touche. « Je traversais une période particulière, explique-t-il. J’ai eu une dizaine de jours très difficiles. J’étais moins performant. Il y avait des raisons. J’en ai fait part au staff. Il en a découlé cette décision. L’équipe a obtenu de bons résultats et j’ai toujours pensé qu’elle passait avant les cas personnels. Je n’avais pas perdu confiance. Simplement, j’avais des petits soucis, liés au foot, qui m’empêchaient d’être assez performant. »
« Je sais bien que les gens pensent que si on m’enlève c’est pareil »
Même s’il prend bien soin de ne « pointer personne du doigt », les excès d’individualisme de certains de ses coéquipiers l’ont dérangé. « Je fais partie d’une ancienne génération, explique-t-il. Ma conception du foot place l’équipe au-dessus de tout. Je ne le ressentais pas chez tout le monde. Je n’arrivais pas à faire partager ça. J’ai accusé le coup. Ça me pesait, j’étais moins performant. Je pensais davantage à ce que les autres faisaient ou ne faisaient pas plutôt qu’à ce que je devais faire. Je n’y étais pas. »
Pour comprendre la démarche de Cissé, il faut cerner son rôle. Celui d’un milieu défensif assigné aux tâches obscures. « J’ai une fonction qui exige un maximum de sobriété, explique-t-il. J’aimerais aller frapper, tacler. Moi, c’est contrôle-passe, jouer simple, ne pas chercher la dernière passe, compenser, colmater. J’ai accepté ce job depuis mon passage à Besiktas (2007-2009). J’y ai trouvé mon importance. Tu assures l’équilibre général. Tu acceptes de jouer dans l’ombre mais quand tout le monde fait le boulot. Après, je sais bien que les gens pensent que si on m’enlève c’est pareil. »
Ce n’est pas l’avis de ses équipiers. En le suppléant devant la défense, Stéphane Mbia a retrouvé son poste de prédilection. « Le passage de témoin est difficile, admet le Camerounais. “ Edu ” est un joueur intelligent, qui nous replace, nous guide. Contre Toulouse (2-2), son entrée (à la mi-temps) nous a fait du bien. Il sait calmer le jeu, l’orienter. On a besoin de lui. »
Cissé a « retrouvé la pêche » mais il est probable qu’il sera encore remplaçant demain face à Montpellier. L’équipe a bien tourné sans lui (3 victoires, 1 nul en L 1 depuis la défaite face à Lille). Ça ne changera rien à son implication. « Le remplaçant qui fait la gueule, j’ai un peu de mal, explique-t-il. Il faut avoir l’honnêteté de savoir pourquoi. Être sur le banc ne me fait pas plaisir. Mais les états d’âme à un moment… Moi, j’ai de la chance d’être à Marseille, dans un gros club avec de grosses ambitions. Je le sais. Je ne peux pas faire la gueule. »
Son influence auprès de ses équipiers est restée intacte. « Il a une grosse expérience, rappelle Guy Stephan, l’adjoint de Didier Deschamps. Il était moins bien, il a moins joué mais son rôle dans le groupe n’a pas varié. Il est toujours positif, tire toujours le groupe vers le haut. » « Il est exemplaire, poursuit Fanni. C’est un battant, sans cette attitude fofolle comme peut l’avoir un Balmont. Parfois, il est limite ronchon mais seulement quand on ne gagne pas. Il est super ouvert, très marrant. Son humour subtil, il ne l’a pas perdu. »
Ce qui le fait moyennement rire, c’est d’entendre qu’à trente-trois ans il serait juste bon pour la casse. « Ceux qui disent ça parlent sans savoir, dit celui dont le contrat court jusqu’en juin 2012. Si on gagne le titre, je sais que j’aurais été un élément important du groupe et personne ne me l’enlèvera. »
RAPHAËL RAYMOND