Il m'exaspérait parfois, mais je le regrette souvent.
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Djibril Cissé à la Coupe du monde Djibril Cissé à la Coupe du monde © SIPA Meilleur joueur et meilleur buteur du championnat la saison dernière (23 buts), Djibril Cissé est la grande star du football grec. Ce soir, avec les autres Tricolores du Panathinaïkos – Jean-Alain Boumsong et Sidney Govou –, il accueille Rubin Kazan. Dernière du groupe D, l’équipe au trèfle – un emblème que Cissé s’est tatoué sur le genou droit – est dos au mur. Son buteur vedette se livre à France-Soir.
La folie Panathinaïkos
« En Ligue des champions, nous sommes mal partis, mais nous nous battrons jusqu’au bout. Je sais que je dois marquer en Coupe d’Europe pour retrouver les Bleus. Et j’adore jouer ici ! Chaque match, on évolue devant 40.000 personnes en ébullition. Le foot, c’est tout pour les Grecs ! Comme le basket… Beaucoup galèrent pour trouver du travail et ils se réfugient dans le foot. Je suis comme eux, un gueulard jamais content. Et je suis devenu le chouchou des supporteurs. Je suis resté au club malgré des propositions. Ça leur a fait chaud au cœur. »
« La crise ? Nous, les joueurs, ne sommes pas touchés, et les clubs non plus. Quand on se balade dans la rue, on voit que pour les “gens normaux”, c’est parfois difficile. Mais ce n’est pas aussi méchant qu’on l’entend. Le foot est peu touché, car les présidents de club sont vraiment très riches. La crise ne les atteint pas trop. C’est la raison première. »
« La Grèce peut ressembler à un paradis comme à un enfer. Les conditions de travail et les salaires sont bons. Mais c’est limite dangereux. On est tellement bien qu’on peut oublier la priorité : jouer au foot. On est en octobre et il fait 25 degrés. Il y a des super terrasses, des super boîtes. Il y a des palmiers partout. Il faut faire attention et rester concentré. Ça peut être dangereux si tu n’es pas fort mentalement. Mais je ne suis pas ici pour faire de la figuration. Je suis un battant. Je n’aime pas la défaite, et j’aime être aimé. J’ai fait des bonnes choses ici, et ça a donné des idées à Jean-Alain (Boumsong) et à Sidney (Govou). C’est grâce à ma réussite qu’ils sont venus. »
Les Bleus
« L’an dernier, personne ne m’imaginait rejoindre l’équipe de France, et j’ai participé à la Coupe du monde. J’ai fait ce qu’il fallait sur le terrain et le sélectionneur ne pouvait pas fermer les yeux sur un joueur qui marque tous les week-ends. C’est ce que je vais refaire cette année, car je veux retrouver les Bleus. C’est mon ambition n° 1. J’ai regardé les listes de M. Blanc à la télé et j’étais déçu de ne pas en faire partie. L’entraîneur a dit qu’il voulait du sang neuf, alors je patiente. Mais si je réussis une aussi belle saison que l’an dernier, j’espère que j’aurai ma chance. Je ne l’ai jamais eue en équipe de France. Je compte 40 sélections mais seulement 8 ou 9 titularisations (9 buts). Et je sais que je peux bien faire. La concurrence ? Ce sont de très bons attaquants, décisifs, mais je peux faire aussi bien que ceux qui sont sélectionnés. Là, ma saison part bien (5 buts en 6 matches). Si je continue comme ça, on ne pourra pas m’ignorer éternellement. »
« Benzema ? C’est bien que Mourinho et Blanc le piquent un peu. Il a un caractère dur. Il n’aime pas être malmené, mais il réagit bien. Il a saisi sa chance en équipe de France. Quand on la lui donnera aussi avec le Real, il montrera que c’est un grand joueur. Comme capitaine, je pense que “Flo” (Malouda) remplirait bien ce rôle. C’est un leader naturel. Il a l’expérience requise. Blanc ? C’est un nom dans le foot, vu sa carrière et son charisme. Il va faire du bon boulot avec les Bleus. Il faut qu’il reconstruise, mais ce n’est pas facile. Il est reparti de zéro. »
Knysna et l’affaire du bus
« J’ai une force qui est de vite tourner la page. Mais ça m’a fait “chier”. J’ai galéré pendant trois ans pour retrouver les Bleus. Alors finir comme ça, c’est dur. C’est un épisode noir de ma carrière, mais il faut oublier ça. J’ai des regrets quand je repense à l’affaire du bus. On aurait pu l’éviter tellement facilement. Mais quand la machine est lancée, c’est dur de faire marche arrière. La faute est collective. Celui qui voulait ne pas le faire n’avait qu’à poser ses couilles sur la table et sortir du bus. Mais personne ne l’a fait… Ça reste un regret, me concernant. Mais c’est du passé. Il faut savoir rebondir. »
« C’est vrai que j’ai eu une discussion avec Domenech après la grève. Après la réunion, il voulait partir. On s’est vus, on a discuté. Ça m’a fait mal au cœur de le voir comme ça. On a dit que c’était moi qui l’avais fait changer d’avis et l’avais incité à rester. Je ne le crois pas. Malgré tout, il a de l’orgueil et de l’honneur, et voulait finir sur une bonne note. Avec lui, j’ai connu des bons et des mauvais moments. Je le connais depuis tellement longtemps. J’ai eu son frère comme entraîneur à Arles quand j’avais 8-9 ans. Je l’apprécie malgré tout. »