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Mathieu Vabuena s’est engagé ce samedi 2 août en début de soirée avec le Dynamo Moscou. Ses huit saisons à Marseille, une fidélité rare, l’ont élevé au rang des grands joueurs de l'Olympique de Marseille.
En regardant Mathieu bifurquer vers un nouveau chemin, un chemin il est vrai un peu lointain, il est difficile de ne pas se souvenir de son premier regard. C’était le 9 juin 2006. Un peu en retrait, José Anigo demande de la patience : «Tu vois ce petit bout, il n’a pas fini de vous surprendre. Laissez-le grandir ! Donnez-lui le temps de mûrir ! On en reparle dans quelques années.»
En cette fin d’après-midi ensoleillée, Mathieu arrive aux cotés de Brigitte et Carlos, ses parents. Il est encore frêle, mais son regard pétillant augure de jours heureux.
Assis sur la terrasse du siège administratif, il répète à l’envi et à intervalles réguliers une expression accompagnée d’un large sourire : «Je suis gourmand.» Elle lui collera à la peau pendant les huit années passées à l’OM. Dehors, beaucoup ricanent déjà sur sa provenance : «Un club de National, Libourne Saint-Seurin, c’est n’importe quoi !» Nous sommes loin des noms ronflants et du standing de l’OM. José Anigo a trouvé un petit bijou, observé pendant plusieurs mois. Il a besoin d’être poli. L’OM lui laissera le temps. Il n’y a pas matière aujourd’hui à le regretter.
En ce 9 juin 2006, nul ne le sait encore, l’histoire de Mathieu sera particulière. Une histoire d’amour, de fidélité, avec des hauts, des bas, comme tout joueur. En 332 matches, 38 buts et 46 passes décisives, Mathieu a développé une gourmandise inégalée. Gourmand de buts inattendus, de gestes incroyables.
Il est difficile de ne pas garder en mémoire le but inscrit à Geoffroy-Guichard, son premier, le 9 juin 2007, envoyant l’OM en Ligue des champions. Impossible de ne pas frissonner encore sur cette frappe magique pour laquelle nous nous sommes tous levés le 3 octobre 2007 à Anfield Road pour le premier succès d’un club français à Liverpool. Comment bien de fois l’avons-nous revisionnée ? Pour le plaisir de s’imprégner d’un éternel instant de grâce…
Le 23 novembre 2010 à Moscou, encore, un contrôle orienté en pleine surface de préparation, un ballon enroulé et déposé dans la lucarne de Dykan, le gardien du Spartak Moscou. Un succès 0-3, un premier voyage pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions.
Comment occulter la frappe victorieuse au Signal Iduna Park à Dortmund offrant l’un des plus beaux succès olympiens en coupe d’Europe et ouvrant encore la route des huitièmes de finale ?
Sans exagérer l’énumération, chaque but de Mathieu a été un instant d’émotion. Mathieu a eu besoin de sublimer ses actes pour être adoubé. Il ne pouvait se contenter de peu, c’est sa façon à lui d’exister, d’avancer. Il s’est battu avec ses moyens, ses atouts : ils sont devenus sa force, sa marque de fabrique.
Pour tous ces instants partagés, Mathieu mérite d’être remercié. Spassiba Mathieu. Bonne route…