Alors que certains dirigeants du foot français lui reprochaient des avantages fiscaux qui pouvaient fausser la concurrence en L 1, l'AS Monaco a pratiqué un intense lobbying pour s'attirer leurs faveurs, jusqu'à nouer des relations commerciales avec certains d'entre eux, dont Frédéric Thiriez, alors président de la LFP, et Jean-Michel Aulas, président de l'OL. C'est ce qui ressort des documents issus des Football Leaks et analysés par Mediapart.
Nous sommes en 2013. Les présidents de club qui siègent alors à la Ligue de football professionnel (LFP) souhaitent une très forte compensation pour les avantages fiscaux et sociaux dont jouit l'AS Monaco. Après une longue bataille, le club monégasque obtient, en janvier 2014, de ne payer que 50 M€ sur deux ans. Une somme qu'il ne réglera jamais car le Conseil d'État juge finalement, en juillet 2015, « irrégulière et illicite » la transaction conclue avec la LFP. Mais auparavant, selon Mediapart, l'ASM « a développé une stratégie de lobbying envers les dirigeants du football français ».
Le premier à être mis en cause est Frédéric Thiriez. « À partir de novembre 2013, écrit Mediapart, le club monégasque a fait appel, dans un dossier devant le Conseil de Cassation, au cabinet Lyon-Caen/Thiriez (pour un total modeste de 9 000 €). Or Me Frédéric Thiriez, l'un des deux avocats associés de ce cabinet, n'est autre que le président de la Ligue de football professionnel, qui à ce moment-là, a le sort de l'AS Monaco entre ses mains. » Interrogé par mail par Mediapart, l'ancien patron de la Ligue ne sous-estime pas la gravité de la situation : « J'ai été extrêmement surpris de lire sous votre plume que le cabinet auquel j'appartiens aurait accepté de représenter l'ASM et en aurait perçu des honoraires. Vérification faite, c'est malheureusement exact. » L'ancien président de la Ligue, en poste entre 2002 et 2016, dit s'être pourtant « naturellement interdit de traiter le moindre dossier concernant le football. Mon cabinet s'est déchargé de toutes les affaires, y compris celles en cours, auprès d'un confrère. »
Jean-Michel Aulas, le président de l'OL, est également soupçonné par Mediapart d'être devenu indulgent avec l'ASM pour des raisons économiques. « En mai 2015, le club monégasque choisit pour prestataire, la société d'informatique Cegid, entreprise fondée et présidée par Jean-Michel Aulas, par ailleurs administrateur de la Ligue de football », détaille Mediapart. Interrogé, le patron de l'OL banalise aujourd'hui cette relation d'affaires : « Je n'ai pas participé directement à la relation commerciale avec l'ASM / Cegid, car nous avons plus de 80 000 clients dans le monde et le contrat de l'ASM représente un chiffre d'affaires minime non significatif pour Cegid ». Aulas précise aussi que son entreprise travaille pour d'autres clubs de Ligue 1. Il ajoute que s'il a transmis la demande d'informatisation de l'ASM « en date du 4 mars 2013 par mail à Patrick Bertrand, Directeur Général de l'activité », il ne s'en est pas « occupé directement par la suite ». « Le coût de ce software est seulement de quelques milliers d'euros », complète-t-il.
Selon les documents des Football Leaks, Aulas avait pourtant remercié ce nouveau client dans ces termes : « Merci Vadim (Vasilyev) de ta décision, nous sommes très fiers de devenir le fournisseur de l'AS Monaco. [...] Je vous propose de trouver une date dans l'été pour que nous puissions, à Monaco ou à Saint-Tropez, fêter cet heureux événement. »
D'autres dirigeants sont également accusés, documents à l'appui, d'avoir oeuvré en coulisses pour l'ASM contre la promesse, le plus souvent, d'achats de joueurs. C'est notamment le cas de Jean-Raymond Legrand, l'ancien président de Valenciennes. Ou encore de Jacques Rousselot, ex-président de Nancy.
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