Le péché originel remonte sans doute à l’été dernier lorsque la direction et Rudi Garcia ont jugé l’effectif suffisamment armé pour repartir au combat et l’ont retouché à la marge (3 arrivées, 6 départs), conservant les mêmes joueurs et la même hiérarchie. "Les remplaçants ne sont plus concernés, l’ambiance n’est plus la même et ça se voit sur le terrain, confie un intime du groupe. Le nom OM impressionne, pas l’équipe.""On est prenable", se lamente Dimitri Payet sans parvenir à remobiliser ses troupes.
Le mercato, pourtant dispendieux avec 56 millions d’euros engloutis pour un rendement inexistant, n’a rien apporté et n’a pas permis d’améliorer l’équipe. Dès septembre, soit bien avant cette avalanche de couacs, certains avaient joué les lanceurs d’alerte, à la manière d’un Éric Di Meco. "Quand tu finis une telle saison sans rien au bout, la frustration l’emporte. L’effectif a peu changé, repartir dans ces conditions peut-être très difficile." Les inquiétudes du champion d’Europe résonnent encore plus fort près de trois mois plus tard.
Cette équipe olympienne s’apparente à un ensemble désordonné, au niveau déficient, au mental friable et déstabilisée par le moindre coup du sort. Elle se trouve happée dans une spirale négative dont personne ne parvient à s’extirper en dépit de quelques fulgurances signées Thauvin ou, plus rarement, Payet. Luiz Gustavo, véritable taulier du groupe, essaie de reprendre la main dans la tempête. Il aimerait que les individualités se diluent dans le collectif, qu’un vent de révolte souffle enfin sur cette escouade. Mais, comme les autres cadres, il s’use face à une situation qui ne cesse de se dégrader malgré une sonnette d’alarme tirée dès la débâcle à Lille (0-3), le 30 septembre.
Et il y a Rudi Garcia, en première ligne et de plus en plus contesté, après avoir obtenu les pleins pouvoirs et s’être forgé une véritable garde rapprochée, encore renforcée cet été avec la venue de Stéphane Jobard. Il a dernièrement resserré les boulons au sein de son groupe et de son staff, interdisant à quiconque de s’exprimer. Il veut tout contrôler, tout savoir, tout gérer. Une omniprésence qui cristallise les rancœurs, y compris en interne, et les critiques. Prolongé fin octobre jusqu’en 2021, hâtivement pour certains, il traverse cette crise en multipliant les erreurs en tout genre, aussi bien dans ses choix, son coaching que sa communication.
L’entraîneur multiplie les erreurs dans ses choix, son coaching et sa communication
Il tâtonne, change de schémas de jeu au moindre soubresaut sans jamais dégoter la formule magique. 4-3-3, 4-2-3-1, 3-5-2: tout y passe, ou presque, mais rien ne change, sauf les défaites qui continuent de s’empiler et le doute de ronger ses ouailles. Il a perdu le mojo qui l’accompagnait la saison dernière où ses coups payaient la plupart du temps, dans ses compositions ou ses changements en cours de match. Il n’insuffle plus rien, ne prend pas de risque dans son coaching et procède juste à du poste pour poste quand un brin de folie s’imposerait. Hormis quelques séquences comme autant d’éclaircies dans une grisaille persistante, le jeu s’appauvrit dangereusement. Il porte évidemment une responsabilité dans cette crise de résultat et de confiance, dans laquelle l’OM s’enfonce.
Sa communication surréaliste et en décalage avec la réalité n’arrange rien. Son refrain sur l’importance de gagner à Francfort pour figurer dans un meilleur chapeau en Ligue des champions a suscité stupéfaction et colère au vu de l’équipe alignée en Allemagne ; rebelote mardi, à la veille du déplacement à Nantes, avec des louanges sur le jeu développé à Amiens (3-1) et lors de la première période face à Reims (0-0). Son couplet sur "l’euphorie" qui était proche de s’emparer de l’équipe en cas de succès sur les Rémois a un peu plus creusé le fossé avec les amoureux de l’OM.
Non, ce n’est pas l’euphorie mais la crise. Et beaucoup de supporters, agacés par une situation qui ne cesse de se détériorer, réclament le départ de celui qui répète en privé avoir beaucoup appris des difficultés rencontrées à Lille et la Roma. Ici aussi, il est servi.
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