Scandale des matches arrangés : ce qu’il faut savoir
Cinq ans seulement après Calciopoli, un nouveau scandale éclate en Italie, celui des matches arrangés par et pour les parieurs, comme le Totonero il y a 30 ans. Voici donc ce qu’il faut savoir sur cette sombre affaire avant que les autres médias francophones ne disent trop souvent n’importe quoi, comme c’est le cas concernant Calciopoli.
Tout a commencé le 14 novembre dernier, à Cremona (en Lombardie) où évolue la Cremonese, suite à ne victoire 2-0 contre la Paganese (championnat de 1ère Division de Lega Pro, troisième niveau national), cinq de ses joueurs se sentent mal. On apprendra qu’ils ont été “empoisonné”, quelqu’un a mis un somnifère dans leurs boissons à la mi-temps afin d’altérer leurs performances. C’est l’œuvre de leur propre coéquipier et gardien Paolini (parti ensuite à Benevento en hiver), ce joueur de 27 ans est un des personnages phare de cette affaire, voici donc une des méthodes utilisées, le but étant de permettre à la Paganese d’égaliser et donc d’obtenir le match nul comme cela a été demandé par les manipulateurs de paris. Suite à ça, le parquet de Cremona va commencer son enquête, et c’est grâce au système des écoutes téléphoniques (comme pour Calciopoli) qu’il découvrira l’organisation entière. Le nom de l’affaire est “Last Bet” (Dernier Pari), le juge des enquêtes préliminaires (le “Gip” en italien) est Guido Salvini, juge reconnu pour s’être occupé d’affaires très importantes. C’est lui qui a ordonné l’arrestation des 16 personnes.
Il faut également rappeler que plusieurs choses avaient mis la puce à l’oreille, notamment des paris stoppés par les sites de paris sur des matches avec peu d’intérêt (Calciomio en avait fait part) suite à des sommes misées trop importantes, et ce depuis un an déjà. Quels matches sont concernés ?
Loin de là l’idée de minimiser ce scandale, mais il est important de rappeler que ce sont en très grande majorité des matches de Serie B et de Lega Pro qui sont pour le moment concernés. En effet, sur les 18 rencontres faisant partie de l’enquête, on compte 12 matches de Lega Pro, 5 de Serie B et seulement un de Serie A, ça ce sont les matches inclus dans l’enquête préliminaire terminée. En effet d’autres matches sont actuellement dans le viseur des enquêteurs dont un Brescia-Bologna, cela ne pourrait être que la pointe de l’iceberg. Ce fameux Inter-Lecce ?
Évidemment, c’est surement le match qui a attiré l’attention de tous les lecteurs, puisque c’est le seul qui concerne la Serie A (et surtout un gros poisson). Le gardien de Benevento Paoloni (dont on a parlé plus haut) devait contacter des joueurs de Lecce afin de les convaincre de baisser le pied, le but étant d’obtenir une victoire de trois buts d’écarts de l’Inter, un score sur lesquels les manipulateurs de paris avaient misé une grosse somme d’argent. Mais vu le score final (1-0 pour l’Inter), la tentative fut infructueuse. Mais alors comment fonctionnaient-ils ?
L’enquête révèle trois groupes de personnes (ou des clans tout simplement) qui arrangeaient les matches, contactant les joueurs ou dirigeants des équipes. Il y a les “Zingari” (les gitans) avec à leur tête un slovaque joueur de Chiasso (en Suisse), mais aussi les “albanesi” enfin les “bolognesi”, non ce n’est pas un mauvais polar. Chacun tentait donc de corrompre joueurs ou dirigeants, on parle même de tarifs officiels (400.000 € pour truquer un match de Serie A, 120.000 pour la B, 60.000 pour la Lega Pro). Des sommes qui font tourner plus d’une tête d’un joueur de division inférieure qui – comme c’est couvent le cas – n’a pas été payé depuis des mois par son club. Qui sont-ils ?
Anciens joueurs, joueurs en activité, ou personnes qui n’ont rien à voir avec le monde du foot. Parmi les 16 personnes arrêtés pour le moment, on retrouve un certain Beppe Signori, un ancien joueur que l’on ne présente plus bien entendu et qui a dont fini menotté. Il parait qu’il parierait sur tout ce qui bouge, il serait le chef de la bande des “bolognesi”, on retrouve aussi deux joueurs de l’Ascoli, Micolucci et le capitaine Sommese, le gardien de Benevento Paolini, deux anciens joueurs comme Bressan (ex Fiorentina, auteur de ce fameux retourné hors de la surface en Champions League il y a 10 ans) et Bellavista (ex Bari). 16 personnes arrêtées au total donc et 28 enquêtés (dont le capitaine de l’Atalanta Cristiano Doni et l’ancien joueur Bettarini), des têtes devraient encore tomber. Les sanctions ?
La Figc a décidé de se mettre partie civile dans l’affaire avant que le procès commence, son président Abete appelle à la prudence, rappelant justement que pour le moment aucun dirigeant n’est concerné. Pour le moment, on sait que les promotions en Serie A ont été suspendues, en effet, Siena et l’Atalanta sont directement concernés et les clubs pourraient être sanctionnés pour responsabilité objective (puisque ce sont leurs “employés” qui sont accusés) et non responsabilité directe. Tout comme lors de Calciopoli, le procureur de la FIGC Stefano Palazzi a acquis les 600 pages de l’enquête de Cremona et décidera donc de déférer tel ou tel équipe avant le procès sportif (et des probables pénalisations pour la saison en cours ou la saison prochaine. En espérant que cela se fasse rapidement pour ne pas fausser les championnats, sans pour autant tomber dans la précipitation ou être influencé par la vindicte populaire.
_________________ "Tudor n’a aucune raison de l’aligner, ça peut être que mauvais pour lui si Payet est bon" "Anigo: tactiquement il est au dessus de Tudor"
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