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Au bord de l'implosion
Outre sa crise de résultats, l'OM vit une crise structurelle profonde qui n'épargne aucun étage du club marseillais.
L'Olympique de Marseille c'est "l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien. Mais l'important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage." Il ne devrait pas tarder et les dégâts promettent d'être terribles. Rares seront les épargnés. Car nombreux sont les supporters à ressentir de "la haine" (le film dont est issu ce dialogue) quand ils ne sont pas encore gagnés par l'indifférence après avoir dépassé le stade du dégoût envers cet OM qui sombre sous leurs yeux.
Un club qui vit dans l'illusion
Au sein du club olympien, à différents étages, certains se voilent encore la face. Mais sont-ils crédibles ? Le JT d'OMTV, diffusé le vendredi 25 janvier, fut éloquent. "Le dernier entraînement s'est déroulé dans une ambiance détendue, vivante, nous sommes très loin des discours alarmistes distribués à l'extérieur du club et la réalité est celle-ci", débite la présentatrice dans un sens de la formule qui trahit le souci de diffuser la bonne parole de l'institution. Ces temps-ci, difficile de humer l'air de la commanderie tant ce centre Robert-Louis-Dreyfus, devenu propriété du club, s'est transformé en forteresse qui n'offre plus ce cadre chaleureux qui faisait sa singularité voilà encore quelques mois. Comme Sigismond le héros de "La vie est un songe", le chef d'oeuvre du 17e siècle de Calderon De la Barca, ses occupants vivent dans l'illusion permanente comme coupés du monde extérieur.
Après la pitoyable performance des siens à Monaco (0-2), José Anigo a lancé cette pique : "On a connu pire ici, il n'y a pas si longtemps." Une allusion à peine voilée à la série de douze matchs sans victoire traversée au printemps 2012. Faut-il que l'entraîneur-directeur sportif soit au bout du rouleau ou si peu conscient de la réalité pour songer à son pire ennemi en pareille circonstance. Du haut de la tribune présidentielle de Louis II, Didier Deschamps n'a pas dû se réjouir en voyant l'état du club avec lequel il a remporté tant de trophées. Car l'OM est au bord de l'implosion dans tous les domaines.
Une fracture immense avec les supporters
Neuvième à neuf points du podium, l'objectif du début de saison, plus personne n'ose croire à une qualification pour la Ligue des champions. "On fera un point mercredi après Valenciennes", prévient Vincent Labrune. Mais qui peut penser qu'un succès contre le club nordiste suffirait à relancer une machine à ce point souffreteuse. Le vestiaire a explosé en mille morceaux. Les anciens ont décroché mentalement et les jeunes ont les jambes qui tremblent. Ce bateau ivre n'a plus d'équipage à la barre. Le rendez-vous fixé par Labrune ressemble à un faire-part d'enterrement... Au cas où des joueurs avaient la curieuse idée de lâcher, comme ils le firent début décembre, le message est diffusé.
Les supporters, eux, l'ont déjà fait passer. L'exaspération monte. La fracture est immense entre les fans et le club. Ils sont de plus en plus à réclamer la vente du club par Margarita Louis-Dreyfus, d'autres des changements profonds comme le départ de José Anigo. Car les résultats ne sont pas l'unique raison de désamour entre l'OM et ce qui représente sa plus grande force, son public. Mais au stade, l'opposition a été réduite à sa plus simple expression. L'an dernier quand l'OM squattait le podium, un mouvement de contestation avait vu le jour. Bizarrement, alors que le club traverse une crise, il ne bouge plus le petit doigt. Sans doute en raison des pressions subies par ces jeunes rebelles des réseaux sociaux il y a un an...
Le vélodrome va-t-il gronder ?
Le violent communiqué des "South Winners" qui appelait à "humilier ces sous-hommes" a marqué les esprits. Même s'il a été retiré par la suite, on peut s'interroger sur l'attitude du vélodrome mercredi. La fronde monte. Si le club entretient le dialogue avec les groupes des supporters, attendus mardi au centre RLD pour une réunion, il pourrait faire face à la colère de la masse silencieuse celle qui vit l'OM avec autant de passion. Les joueurs et José Anigo sont devenus la cible de son courroux.
Les coéquipiers de Steve Mandanda subissent insultes et pressions. L'entraîneur n'échappe plus à la vindicte populaire. L'effet Anigo n'a pas eu lieu sur l'équipe et son statut vacille. "Il faut demander à mon président", a-t-il répondu agacé à un journaliste l'interrogeant sur son apport. Protégé par son charisme et son passé à l'OM, Anigo est en premier ligne. Il encaisse de plus en plus difficilement. La venue d'Albert Emon à ses côtés porte son sceau. Symbole d'un club qui verse dans l'improvision, elle servira de cache-misère mais suffira-t-elle à le relancer dans sa mission périlleuse ?
Labrune a des ambitions mais...
Au-dessus de lui, son président observe. Lui qui a longtemps tiré les ficelles en coulisses peut-il rester les bras croisés à la vue de cette lente déliquescence de son club ? Sa stratégie interpelle. Dans l'urgence, nommer Anigo après Baup avait une justification. Le maintenir, alors que les entraîneurs capables de réaliser un coup sont nombreux sur le marché, est plus surprenant. Son coach idéal n'était pas disponible. Labrune a une idée précise de ce qu'il veut pour l'OM. "Je suis ambitieux pour mon club et pour moi", a-t-il récemment lâché tranchant radicalement avec l'image d'homme lige de la famille Louis-Dreyfus.
Vincent Labrune a les mains dans le cambouis depuis des mois. "Le projet à 2-3 ans" est devenu sa marotte. Il le traîne comme François Hollande "l'inversion de la courbe du chômage". La crise structurelle de l'OM le relègue au second plan. Mais pièce après pièce, Labrune le construit en dépit des dommages collatéraux. La mise en place d'un règlement pour les médias a tendu les relations avec les journalistes. "Je ne le cautionne pas", assure-t-il alors que ses lieutenants l'ont élaboré de A à Z au prix d'un long conflit avec la presse. Désormais, l'OM ne peut plus compter sur la complaisance de certains suiveurs les plus fidèles comme si la confiance entretenue depuis des années était rompue.
Quid d'Anigo ?
Le mercato mené en solo a entrapiné une nouvelle répartition des rôles au sein de l'équipe dirigeante. En l'installant sur le banc, Labrune a écarté José Anigo des prises de décision. "Avec un président opérationnel, un directeur sportif n'est pas utile", glissait le président fin décembre devant quelques journalistes interloqués.
Dans cette atmosphère délétère à l'intérieur et dans l'entourage de l'OM, chaque strate du club est atteinte par la paranoïa. "Patience, on verra, tôt ou tard, les cadavres passer dans la rivière", prophétise un vieil observateur de la cause olympienne...
Ivan Bonet et Frédéric Martin, à Marseille
Cette phrase de labrune m’interpelle.
Et si labrune était un grand stratège ?
Et si en donnant les pleins pouvoir à anigo il avait abattu sa derniere carte ? Quitte ou double ?
Anigo réussi, labrune est le génie qui a pris al décision, si anigo échoue, ça lui donnera une bonne raison pour le limogé définitivement sans que personne n'ait à redire.
C'est un peu utopique et kamikaze mais ça aurait un sens au vu de tout ce qu'il se passe !